Logo
Si c'était à refaire
Si c'était à refaire Le Théâtre des Galeries vous propose un lifting sans douleur.
Ou tout au moins, quasi, car les zygomatiques eux, souffrent tant ils sont sollicités dans cette comédie jouissive signée Laurent Ruquier.
Animateur bien connu des chaînes françaises, réputé pour son humour et ses jeux de mots, sa pièce Si c'était à refaire lui est fidèle en tout point.
Bien nommé, le Docteur Jouvence (un excellent Pascal Racan) est chirurgien esthétique.
Sa secrétaire, vénérable pilier de l’institution est malade et l’agence d’intérim lui envoie Claudine (Cécile Florin, délicieusement fougueuse), une jeune et charmante remplaçante, d’une efficacité et d’un tact un peu douteux.
Son épouse (une Louise Rocco idéalement coincée et raide amidonnée dans ses principes et ses refoulements) est excessivement jalouse de le voir tripoter, à longueur de journée, les seins et les fesses des autres et se sent négligée le soir venu de voir son jeune mari s’effondrer dans un sommeil réparateur plutôt que de s’occuper enfin un peu d’elle.
Sa patience fétiche, Madame Carnot (une pétillante et drolatique Nicole Shirer), alerte vieille dame de 80 ans assure, à elle seule, par ses nombreuses opérations le fonctionnement du cabinet et le ravalement de sa façade (celle du cabinet voyons).
Ajoutez à cela une star de cinéma sur le déclin (Marie Hélène Remacle, théâtrale et maniérée à souSi c'était à refaire hait) qui cherche à rehausser sa popularité… et le volume de ses lèvres et une épouse très planche à pain (Catherine Claeys cocasse en complexée de la silhouette) qui rêve d’offrir à son mari un décolleté pigeonnant.
Pauvre docteur, il a bien de quoi se faire quelques rides de plus, entouré de tant de femmes, prêtes à tout pour se glisser entre ses mains expertes.
Sauf peut-être à une ablation de la langue (principal outil de ces vipères en jupons) ou des oreilles (seul moyen hautement efficace d’écouter aux portes et d’entendre naturellement tout ce qu’il ne faudrait pas).
Le public lui va s’en donner à cœur joie des déboires de ce chirurgien esthétique.

Dans un décor fonctionnel (signé Francesco Deleo), réalistement blanc, mais à peine aseptisé, les virus du rire et du vaudeville vont croître à l’envi.  Ces dames vont se crêper le chignon, au propre comme au figuré et faire de la vie de leur Jouvence adoré un enfer pavé de toujours très bonnes intentions.
Mais elles sont bien excusables, le madré coquin n’est pas avare en galanteries, en gaffes et en incartades.

Laurent Ruquier signe à la pointe du bistouri, un texte acéré, soigneusement lifté.  Il taille à vif dans nos préjugés sur l’esthétique et retouche au vitriol les sacro-saints canons de beauté.
La mise en scène de Martine Willequet n’a nul besoin d’être raffermie ou retendue.  Elle est juste Si c'était à refaire et dynamique, sans une once de lourdeur et sans besoin de la moindre chirurgie correctrice.

Une cure rafraîchissante qui, sans vous coûter la peau de fesse, le temps d’une séance, vous raffermira les zygomatiques affaissés et supprimera de votre front les ridules ridicules, traces des tracas quotidiens.<

Spectacle vu le 16-09-2007
Lieu : Théâtre Royal des Galeries

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF