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Une soeur de trop
Nostalgique … Martine à la campagne
C’est un peu de la Wallonie profonde qui vient de s’installer pour quelques semaines aux Riches-Claires.
Une sœur de tropUn décor comme certains en ont connu chez leurs grands-parents, des mimiques dignes de la grand-tante Eugénie.
Mon Dieu, cela faisait longtemps !
Tiens en sortant de la salle, après avoir entendu de-ci de-là des refrains d'Elmore D et même la P’tite gayolle, j’en aurais presque retrouvé l’accent de ma Wallonie natale.
Nostalgie donc pour certains ou sourires amusés pour d’autres, la pièce séduit par ce côté volontairement rétro.
Une image d’Épinal que beaucoup préféreront considérer comme telle, plutôt que comme un portrait du bled wallon paumé et arriéré que d’autres (politiques ceux-là) voudraient nous faire croire.
Dans cette maison où le thermos déverse généreusement ses jattes (lisez tasses contexte oblige) de café, deux sœurs cohabitent, seules depuis la mort de la mère.
La plus jeune mal aimée, rejetée depuis l’enfance cherche l’amour et la considération à tout prix.
Quitte d’ailleurs à devenir un objet de ramages (lisez commérages) faute d’une conduite respectable.
L’aînée connaît une partie des secrets de sa mère et n’a jamais rien révélé à sa cadette.
Elle en a assumé les conséquences même douloureuses.
Mais un jour … Il faudra bien que tout change.

Pour ceux qui ont eu la chance de voir L'Ouest solitaire de Martin Mac Donagh (également mis en scène par Georges Lini il y a quelques années), Une sœur de trop est sensiblement dans la même veine.
Sophie Landresse, tout à la fois auteur et interprète de la plus jeune des sœurs signe un texte tout en dualité.
Pris au pied de la lettre, on est quasi dans une comédie vaudevillesque avec ses cris, ses grands gestes, ses colères, ses portes qui claquent, les cliquetis des talons dans l’escalier et ses réparties volontairement cinglantes.
Si l’on refuse de s’arrêter à cette première impression, on découvriraUne sœur de trop les souffrances profondes de ces deux femmes.
Le deuil, l’abandon, la jalousie, l’envie, le besoin d’amour, de paraître et d’être aimée, tout est là sous-jacent, à portée des yeux.
Le propos de l’auteur et la mise en scène de Georges Lini nous font virevolter du tragique perceptible à l’évidente comédie, de la caricature à la douleur masquée.
C’est bien là le petit hic d’Une sœur de trop.
Si l’on prend la pièce au premier degré, on reste surpris, saisi et presque frustré de sa fin un peu trop abrupte.
Il faut l’avoir prise au second degré, se donner la peine d’intérioriser les conflits, de mesurer l’évolution des deux jeunes femmes pour en arriver à comprendre qu’une page vient de se tourner, dans le drame, dans les larmes, qu’un changement s’est enfin amorcé.
Pour le pire ou le meilleur ?
Là est une autre question à laquelle optimiste et pessimiste apporteront une réponse différente.

Côté interprétation, Sophie Landresse et Bernadette Mouzon sont deux sœurs étonnantes.
Jean-François Rossion posé en amant, beau-frère et arbitre au milieu de ces deux harpies à fort à faire pour contenir leurs bagarres.
Mais la palme revient à Jacqueline Nicolas, une savoureuse voisine à peine mêle-tout, curieuse et pipelette à souhait, une véritable Madame Chapeau wallonne.

Allez, finalement Une sœur de trop c’est un mélange plaisant entre Martine de retour à la campagne, Martine se sent seule et Martine va au Théâtre des Galeries.

Spectacle vu le 06-11-2007
Lieu : Centre Culturel des Riches-Claires

Une critique signée Muriel Hublet

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