Logo
L’enfant froid
Pour le rire et pour … le pire
L'Enfant FroidUne scène avec pour tout décor 5 WC et quelques chaises.
Quatre couples vont, viennent et entrecroisent leurs destins.
Papa riche et rigide (Luc Van Grunderbeeck), Maman nunuche et obéissante (Martine Willequet).
Leurs deux filles Léna (Anne-Pascale Clairembourg) qui veut sa liberté, qui tente d’échapper au pesant joug paternel et Tine (Laure Voglaire) la cadette qui ne dit rien mais préfère agir en douce.
Un couple Didier Colfs et France Bastoen avec entre eux un landau.
Deux hommes, l’un (Georges Lini)  largué par son ex, violent et perturbé, l’autre (Angelo Dello Spedale Catalano) exhibitionniste et guère plus équilibré.

Rencontres, drague, mariage, naissance, mort, enterrement, aveux, remords, vengeance, …
Les sentiments sont se heurter, s’affronter, se combattre.
Entre rage, amour, désespoir, l’auteur allemand Marius von Mayenburg nous offre une pièce drôlement cynique, horriblement noire où le rire n’est jamais loin des larmes.L'Enfant Froid
Il scrute sans concession la famille et ses dérives.
Il pointe du doigt les effets pernicieux de l’éducation en évoquant le destin tragique de Lena.
Il affûte des phrases glaciales, qui taillent comme autant de couperets fatidiques, qui tranchent à vif dans les sentiments, qui déchiquettent la moindre bribe de tendresse ou de compassion.
Il démontre, si cela était encore nécessaire, le besoin d’amour ancré en tout un chacun, et les conséquences de son absence.
L’enfant froid, c’est un monde sans amour, sans tendresse, sans compassion, un univers dur, impitoyable où chacun tente de survivre, quel qu’en soit le prix.
C’est un spectacle  moralement pénible, que le talent ou le jeu des acteurs rend presque insoutenable, telle l’émouvante détresse d’Anne-Pascale Clairembourg ou la stupéfaction sidérée de Didier Colfs pendant le pétage de plomb de son épouse.

L'Enfant FroidCe mur de faïence blanche, ces wc immaculés donnent une vision lumineuse, immaculée sur laquelle la famille éclate en tâches sanglantes.
Un choix symbolique qui pourtant ne laisse pas oublier les mauvaises odeurs et autres miasmes qui vont surgir petit à petit de cette fange mélodramatique.
Costumes, lumières, musiques et décor (Renata Gorka) se marient sous la houlette du metteur en scène Laurent Capelluto pour nous offrir un portrait acide,  décapant et particulièrement réussi de la famille.
A un rythme presque frénétique, comme la musique qui par instants saccade les mouvements des comédiens, l’action sans répit va nous entraîner de surprise en bouleversement … pour le rire et le pire.
Le Zut nous offre un diamant noir, une pierre précieuse, aux arrêtes coupantes et qui , une nouvelle fois, brille de mille flammes …. brûlantes et glacées.

Spectacle vu le 30-01-2008
Lieu : ZUT Zone Urbaine Théâtre

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF