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Politicovskaia
Après L’homme du câble, Thibaut Nève propose avec Politicovskaia le second volet de son triptyque axé sur les relations familiales.
PoliticovskaiaLe premier évoquait les rapports mère-fils, le second met à l’avant-plan celles troublées d’une grand-mère et de son petit-fils.
L’auteur emprunte cette fois des chemins volontairement (très) détournés pour parler du deuil et de l’intériorisation d’un chagrin.
Quelle empreinte peut laisser dans notre esprit un défunt qui a pris une grande place dans notre cœur ?
Comment accepter sa disparition sans remettre en cause nos sentiments et sans, tout d’un coup, tenter de tout mesurer, de tout redimensionner et peut-être un peu facilement de tout réduire pour s’efforcer ainsi d’atténuer notre tristesse ?

La présentation de Politicovskaia, sur papier, séduit d’emblée.  Même si on se demande à  cette lecture comment l’auteur va mêler Mémé en vacances à Middelkerke et une journaliste politique russe qui ose révéler les exactions des dirigeants de son pays.

Tout commence donc dans un salon où Thibaut Nève, un châle sur les épaules et l’accent wallon bien épais grommelle après son petit-fils.
Entre un clin d’œil à l’Amédée de François Pirette ou une référence aux remarques acides de Mme Gertrude de Stéphane Steeman, la situation est savoureuse et pour certains ne manquera pas de rappeler un personnage truculent de sa propre enfance.

L’irruption dans cette tranquille villégiature d’Anna Politicovskaia (pourtant décédée) va perturber le quotidien et les entraîner dans un road-movie théâtral à travers l’Europe.
Le spectacle promis comme désopilant et déjanté provoque pas mal de rires, mais le volet folie est tel qu’on peine à y trouver un quelconque fil conducteur.
Politicovskaia ne devient plus qu’une suite de saynètes plaisantes, mais dont on perçoit difficilement les motivations.

Au final, on reste plus que mitigés et bourrés de questions sans réponses.Politicovskaia
L’humour est au rendez-vous, certaines scènes méritent le détour, certaines envolées de textes sont superbes et profondes, mais on n’arrive pas à appréhender totalement le récit.
Et sans parvenir à en capter les tenants et les aboutissants, l’interprétation sans failles de Valérie Bauchau (Anna), la saveur de certains dialogues ou la truculence de Mémé (Thibaut Nève) ne suffisent pas à nous faire apprécier sans réserve la pièce.

Politicovskaia séduit, interpelle et chiffonne tout à la fois.
Il titille nos zygomatiques, trouble par certains propos profonds et pertinents et résonne en nous de manière tellement ambiguë ou ambivalente que cette phrase de Pascal est peut-être la plus judicieuse pour le qualifier : Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point.

Spectacle vu le 28-01-2010
Lieu : Centre Culturel des Riches-Claires

Une critique signée Muriel Hublet

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