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Un grand cri d’amour
Le Théâtre de la Flûte Enchantée se lance, à son tour, dans la reprise de cette pièce créée au théâtre en 1996 et en film en 1998.
Écrite (et interprétée) par Josiane Balasko, la comédie met en scène les déboires de deux ex-stars des planches Hugo Martial et Gigi Ortéga.Un grand cri d’amour
Ils ont été un couple vedette, accumulant les succès. Le temps a passé, ils se sont séparés.
La haine et la rancœur ont remplacé l’amour.
Hugo a continué sa carrière vaille que vaille, Gigi a déprimé et a sombré dans l’alcoolisme.
Un destin malicieux et les interventions douteuses d’un producteur (Jean-Luc Duray) aux manœuvres dignes de la pire des entremetteuses les réunissent à nouveau.
Ils doivent essayer de sauver par leur présence et une affiche alléchante de leurs retrouvailles une pièce de théâtre.
Le spectacle nous entraîne donc dans les coulisses, témoins privilégiés du travail d’un metteur en scène (Jean-Pierre Bruno), transformé en dompteur de fauves.
Car les manigances de leur agent Sylvestre vont plutôt mettre le feu aux poudres et rendre très vite la situation ingérable et… piquante.

Pas évident donc de marcher sur de telles plates-bandes, de relever un pareil défi.
Pour la metteuse en scène, Muriel Audrey, qui ose s’y frotter et tenter d’insuffler sa version, son approche à un spectacle connu de beaucoup.
Si la première partie (la présentation et la mise en route des mécanismes) semble ici un peu laborieuse, la seconde partie s’embrase réellement pour un résultat final plaisant.
Cela est dû très certainement au jeu étonnant de Sibylle du Plessy qui explose littéralement.
Généralement plus discrète, la comédienne est ici pétillante et fougueuse.
Flamboyante, la rouquine fonce avec toute la hargne d’une femme délaissée et jalouse, avec la gouaille propre à Josiane Balasko et les émois d’une épouse meurtrie qui a subi son lot de souffrances.
Voix éraillée, cris, injures, gifles, remarques revanchardes, tout y passe sans fausses notes, avec tout l’art des cabotines si chères à Molière.
Pour que, dès l’instant suivant, les larmes et le chagrin prennent le pas sur les colères de l’actrice et nous offrent le portrait d’une femme blessée diablement réaliste et attendrissant.
A ses côtés, Gérard Gianviti trouve ici un rôle qui lui permet de se dévoiler un peu plus que dans ses rôles précédents.  Il montre ainsi que bien plus qu’un comique faire-valoir, il peut également bien jouer dans le registre de la sensibilité.

A voir ou à revoir, Un Grand Cri d'Amour est une comédie efficace aux répliques acérées et venimeuses à souhait.
Si les quiproquos de Josiane Balasko sont un peu prévisibles, le propos continue dix ans après à faire mouche.
Le face à face de ces deux monstrueux ego reste savoureux.

Spectacle vu le 12-10-2007
Lieu : Théâtre de la Flûte Enchantée

Une critique signée Muriel Hublet

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