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Peau de Loup
Peau de loupComme un conte sombre et cruel, Caroline Safarian et René Bizac, les co-auteurs, nous plongent dans un récit équivoque, basé sur une histoire vraie.
Revivre à soixante ans, tout recommencer voilà ce que doit faire Guylaine à sa sortie de prison.
Un peu hésitante, engoncée dans son tailleur classique, elle doit rapprivoiser sa vie.
Seule, elle doit affronter un présent incertain, une réinsertion pas évidente alors que son esprit reste obscurci par les relents nauséabonds d’une intime douleur.
Mais est-ce facile de faire table rase de ce qui a été son existence et de prendre un nouveau départ ?

Pour interpréter cette ambivalence, Guylaine se dédouble dans un duo d’actrices.
Catherine Salée et Véronique Dumont (colauréates des prix de la Critique 2008 dans la catégorie "Meilleure comédienne" pour 4.48 Psychose ) répercutent une souffrance bien tangible.
La première est l’actuelle, la femme aux ressorts brisés, emplie d’une douleur quasi inexprimable.
Victime de la vie et des hommes, naïve et crédule, elle doit se retrouver pour mieux se libérer de son isolement mental.
Pour mieux marquer les distances qu’elle souhaite prendre avec son passé douloureux, Véronique Dumont est son écho, son double, son reflet dans un miroir déformé.

Sur scène, cette dualité lancinante devient un récit où, comme autant de voiles opaques ou translucides, noirs ou jonquilles, des bribes de sa jeunesse vont ressurgir pour mieux laisser percevoir la Guylaine détruite d’aujourd’hui.

Si Catherine Salée et Véronique Dumont mettent tout leur talent au service de Peau de loup et font littéralement vibrer la salle en résonance avec les sentiments de cette femme malmenée par la vie et par les hommes, il serait injuste de leur attribuer tout le mérite de ce spectacle humain, tendre, dramatique, intense, puissant et prenant.
La mise en scène simple et directe de René Bizac et la scénographie dépouillée de Sophie Carlier servent à merveille le texte, mais les dessins obscurs, stylisés, comme envoûtants, de Thierry Van Hasselt sont eux un écrin idéal qui sublime cette pudique et poétique danse macabre entre le bien et le mal.

Spectacle vu le 27-09-2009
Lieu : Espace Senghor

Une critique signée Muriel Hublet

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