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Boulevard Feydeau
Cocktail grisant et épicé
Boulevard FeydeauQui ne connaît pas Feydeau.
Peintre satirique d’une bourgeoisie bien-pensante, coincée et pudibonde, l’auteur (1862-1921) a écrit des vaudevilles encore bien actuels dans le propos (Puce à l'oreille, Un fil à la patte, Le Dindon,…).
Hélène Theunissen & Jean-Henri Compère revisitent ses textes et lui insufflent un ton moderne, délicieusement kitch et totalement déjanté.
Ils ont repris deux classiques Feu la mère de Madame et Mais n'te promène donc pas toute nue !, les ont mélangés, entremêlés, liés pour donner un portrait sans parti pris du couple.
Pas de vainqueur ou de vaincu dans ces scènes de ménage, elles caricaturent aussi bien l’homme que la femme dans leurs défauts les plus évidents.
De la rigueur (théorique ?) coincée des milieux politico-financiers à celle obligatoire que doit afficher toute femme mariée, du classique retour en pleine nuit d’un mari noceur qui subit la juste colère de son épouse aux affres de devoir supporter une belle-mère pesante et envahissante, tout est passé à la moulinette.Boulevard Feydeau
À côté du volet satirique, Hélène Theunissen & Jean-Henri Compère ont inséré un peu de fraîcheur et de naïveté enfantine avec Fiancés en herbe, une pièce moins connue, mais truculente.
On y découvrira Delphine Bertrand et Bernard Gahide, en gosses drôlement trognons, vivre leurs premiers émois amoureux.
C’est ici qu’on savourera le mieux la scénographie de Daniel Scahaise et les costumes d’Anne Compère qui donnent au texte et à la prestation des deux comédiens un relief tendre et savoureux.

En plus de l’adaptation, les deux piliers du Théâtre de la Place des Martyrs signent aussi la mise en scène pour un résultat décoiffant et totalement débridé.
Musique, disco, chanson française, références à la politique belge se glissent dans l’ensemble sans jamais tomber dans l’exagération ou l’incongru.
Sur scène, les cinq comédiens, Delphine Bertrand, Bernard Gahide, Stéphane Ledune, Sylvie Perederejew, Laurent Tisseyre enchaînent les rôles et les tenues tandis que Christophe Destexhe, au piano, joue les intermèdes et les témoins involontaires.

Le résultat est un véritable cocktail grisant.
De l’ironie épicée, de l’humour pétillant, une pointe d’incongru, un zeste d’absurdité, le tout avec servi avec quelques glaçons pour le coté rafraîchissant.
A déguster sans modération jusqu’au 5 janvier 2008.

Spectacle vu le 21-11-2007
Lieu : Théâtre des Martyrs - Atelier

Une critique signée Muriel Hublet

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