Logo
Tout au bord
Virages en équilibreS
Christelle et Olivier ont vu leurs fils grandir et quitter le foyer.
Toute leur vie a été centrée sur eux.
Comment vivre seuls ?
Comment combler le vide ?

De petites images de vie à deux, sortes d’instantanés montrent les premières fêlures de ce couple uni.
Le frigo vide, l’absentéisme occasionnel au travail, les petits mensonges pieux, l’attente des visites (toujours trop rares) des enfants sont les premiers signes de désarroi.
Viennent ensuite les achats-secours, l’un va apprendre la clarinette, l’autre se balader à vélo et chacun se concentre sur son nouveau hobby, lui donne toute la place, se laisse envahir par quelque chose de neuf pour combler la disparition du reste.
Durant toute cette première partie, les rires fusent régulièrement tant les situations sont cocasses, les réparties drôlement de mauvaise foi et les mimiques parfois plutôt désopilantes.
Pourtant l’image rassurante d’un couple ordinaire se fissure.
Leurs certitudes volent en éclat pour révéler deux êtres fragilisés, perdus dans cette vie moderne aux contingences exigeantes dans lesquelles ils ne se reconnaissent plus.

Face à une solitude à deux et face aux autres, ils vont s’effondrer moralement et presque physiquement.
Déstabilisés, déprimés, en équilibre précaire, tout au bord, ils titubent devant un gouffre.
Un abîme insondable où il est vite fait de tomber et qui porte des noms multiples : chômage, pauvreté, SDF, sans papiers, faim, mendicité.
Derrière la farce du début se cache donc un portrait caustique mais réaliste d’une société qui se déshumanise au profit de la rentabilité et des notions de productions, une société qui veut transformer, classifier, codifiés les hommes plutôt que d’accepter leurs particularités.
Bernard Cogniaux et Marie-Paule Kumps tout à la fois auteurs et interprètes signent un texte interpellant et poignant qui mélange habilement les genres et séduit pas son entrain sa fraîcheur et le pertinence de son propos.
Certains leur reprocheront pourtant, et  avec raison, une certaine forme de naïveté facile dans la description de notre monde déglingué et des remèdes à y apporter.
D’autres apprécieront moins qu’ils aient osés rompre avec le rire pour brosser un portrait cruellement douloureux  de notre époque.
Personne pourtant ne pourra nier la générosité et une certaine lucidité dans leur propos.

D’ailleurs, sans rêve et sans utopie où va le monde, à part tout au bord du gouffre ?

Spectacle vu le 23-01-2008
Lieu : Théâtre Le Public - Voûtes

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF