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Incendies
Incendies ou ... feu de paille?
L’amour et la haine sont deux sentiments qui tels des Incendies dévastent tout sur leur passage et ne laissent derrières eux que cendres amères, ruines de vie et silence pesant.
Silence comme celui dans lequel Nawal s’est enfermée.
Silence comme celui dont elle a entouré ses jumeaux Jeanne et Simon
Silence comme celui qui muselle les bouches quand on évoque le passé.
Wajdi Mouawad, l’auteur en décrit les douleurs et les avec les tripes, dans une pièce qui fait des allers-retours entre le passé et aujourd’hui et permet de comprendre certains des ressorts qui ont provoqué l’étrange testament de Nawal qui impose à ses enfants de remettre une lettre à leur père et une autre à leur frère alors qu’ils se sont toujours crus orphelins et sans fratrie. Incendies
Il narre les faits avec le cœur, glisse dans les paroles des différents protagonistes justesse, passion et émotion.
Les tourments, les souffrances de personnages parfois poussés à l’extrême prennent, sous sa plume,  relief et vie, même si par certaines phrases ou situations, l’humour n’est pas forcément absent.
La mise en scène très frontale choisie par David Strosberg casse, pour une belle part, ces sentiments.
Difficile de croire à l’amour quand une femme annonce être enceinte en tournant le dos à son amoureux, quand une grand-mère aimante est jouée par un acteur barbu, quand quasi aucun acteur ne regarde son vis-à-vis dans les yeux.
Moins de comédiens, des rétroprojecteurs pour situer l’action, des attitudes très statistiques, presque amidonnées, pour certains comédiens, voilà un choix que l’on trouvera bien peu judicieux.
S’il est vrai que monter un spectacle si vite après le succès de la précédente version plébiscitée Prix de la critique 2006-2007 comme  Meilleur spectacle de l’année en a interloqué plus d’un et sembler risqué à beaucoup, la vision d’Incendies made in Strosberg  correspond à ce que beaucoup pronostiquaient… mièvre !
Tous ceux qui ont eu la chance de voir l’adaptation de cette même pièce créée au Zut, par Georges Lini, l’an dernier seront très déçus de ce piètre résultat. Heureusement pour les spectateurs moins chanceux et qui découvrent Incendies aujourd’hui, le poids des mots, leur puissance et leur palette émotionnelle ne sont pas trop altérés par ce choix de mise en scène minimaliste et laisse donc un spectacle en demi-teintes, trop modernisé, un peu brouillon et fort froid, mais qui sera facilement adaptable dans une généreuse tournée des salles belges.
Seul Guy Dermul, dans le rôle du notaire Hermile, tire réellement son épingle du jeu en réussissant à rendre son personnage amusant et agréable de bout en bout.
Si cela ne suffira pas hélas aux plus difficiles des spectateurs, le texte de Wajdi Mouawad fera peut-être le reste, la mise en scène de David Strosberg n’a heureusement pas réussi à en altérer les qualités et vaut, lui, d’être vu ou lu.

Spectacle vu le 10-01-2008
Lieu : Théâtre National - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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