Logo
Tailleur pour Dames
Nostalgique plaisir
Tailleur pour DamesPlaisir des yeux et des oreilles que de retrouver Feydeau presque dans l’esprit.
Danielle Fire a opté pour une mise en scène traditionnelle qui s’agrémente très plaisamment de morceaux musicaux ou chantés, intermèdes pour changer le décor, mais aussi refrain pour souligner un passage. Pour créer cette ambiance, le pianiste, Fabian Coomans de Brachène, accompagne la pièce de bout en bout et donne ainsi au spectacle le charme désuet des comédies musicales d’antan.

Michel de Warzée campe ici le docteur Moulineaux qui va accumuler mensonges, pirouettes et user de toutes les ficelles possibles pour tenter de cocufier sa femme.
Il joue ce rôle avec emphase, apartés comiques et avec la bonhomie savoureuse d’un tof bruxelleir (l’accent en moins).
Il réussit à rester à la limite entre ton comique et surjeu, un exercice difficile en soi.
Sa pauvre jeune épouse est Amélie Saye, pauvre demoiselle encore sous le giron maternel d’un dragon femelle joué de main de maître (fer ?) par Patricia Houyoux (Mme Aigreville).
Après la note musicale innovante, le second vent de fraîcheur est amené par le domestique de la maison, Etienne (sous les traits de Bernard d’Oultremont), cheveux gominés, lèvres rouges, muni d’un plumeau rose et du déhanchement du bassin qui va de pair, l’acteur entonne d’une voix très haute une chanson, dans cette parodie de l’efféminé, l’acteur nous offrira tout au long de la pièce quelques petites perles comiques.
La cause de tous ces tourments, celle pour qui le docteur Moulineaux se damnerait n’est autre que Suzanne Aubin (StépTailleur pour Dameshanie Moriau) tout à la fois naïve, candide et fine mouche.
L’involontaire déclencheur de bien des quiproquos sera ce pauvre Bassinet (Gérard Duquet).
Sémillant, très en verve, sa trogne de pauvre victime, son à-propos et son bagout font merveille.  Artiste complet, chanteur, acteur et danseur, c’est un régal de le voir évoluer.

Dans un décor amovible (Christian Guilmin), aisément transformé le temps d’une chanson, nous irons donc du salon de ce pauvre docteur, à l’atelier de Mme Pilou la couturière.
Les costumes (également signés Christian Guilmin) se doivent donc, avec Tailleur pour dames comme titre, d’être réussis.  C’est le cas dans l’ensemble même si l’on déplorera de voir Suzanne Aubin affublée un moment d’une jupe-culotte qui dénote quelque peu.

Coups de théâtre, musique et quiproquos sont au rendez-vous de ce spectacle de fin d’année.
Calibré au millimètre, il mélange des personnages décidément pas faits pour se rencontrer, mais qui inévitablement, comme dans tout bon vaudeville qui se respecte, vont se retrouver face à face pour le plus grand plaisir des  spectateurs.
Feydeau y croque, comme à son habitude, avec une belle dose de férocité, ses personnages et la bourgeoisie de l’époque.
Danièle Fire le sert à merveille en demandant à ses acteurs un jeu dynamique, envolé et diablement séduisant pour nous un spectacle de qualité, un doux parfum nostalgique qui nous transporte irrésistiblement quelques années en arrière au temps d’Au théâtre ce soir.

Une joie délectable en cette fin d’année.

Spectacle vu le 08-12-2007
Lieu : Comédie Claude Volter

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF