Kermesse
C'est la fête au village !
Tout est prêt …
Le Comité des Fêtes a mis les petits plats dans les grands pour ce 30e anniversaire de La Kermesse aux Fleurs, La Kermesse du Bonheur (à dire sur un ton gai et enjoué).
Le cœur joyeux (enfin, on le dirait) nous sommes accueillis au pied du podium pour boire le verre de l’amitié en attendant les discours (de rigueur) et surtout l’ouverture des stands.
Inévitable, la présentation des œuvres artistiques des enfants du quartier.
Une femme frustrée et dépressive, jouée par Anne Sylvain se bat pour offrir un semblant de stabilité aux laissés pour compte du mercredi après-midi. A vous le plaisir de découvrir les petites merveilles concoctées par ces petits monstres en herbe.
Autre incontournable de toute fête qui se respecte la pêche aux canards se devait d’être présente à La Kermesse aux Fleurs, La Kermesse du Bonheur.
Les canards sont avantageusement remplacés par des … nénuphars, les lots à cinq cents par des photos de fleurs et des chansons que vous entonneront une mère et son fils. (une excellente Janine Godinas et Nicolas Buysse).
Obligatoirement, le sponsor (il en faut toujours bien un) a son stand promotionnel. Le seul hic est que Paradise.com est une entreprise de pompes funèbres.
Roi de la mise en boîte, Serge Demoulin vous présentera ses derniers produits.
Vedette d’un soir, madame Sylvie (une superbe Ingrid Heiderscheid dans un rôle très physique) vous convie à un cours de danse collectif très … fleuri et suggestif entre j’ouvre mes pétales et je remue mon pistil.
Tout le monde se doit donc d’agiter ses petites racines et de faire trembler ses petites feuilles sur une musique de Vivaldi au tempo légèrement corrigé.
Passage obligé de toute kermesse qui se respecte la BinGo-Buvette, tenue par Monsieur le Président (du Comité des Fêtes, Philippe Vauchel) déguisé en nain de jardin.
Le lieu est dédié à sainte Hildegarde de Bingen.
La boisson proposée est faite à base du produit phare de la sainte, d’une fleur aux vertus merveilleuses… la lavande.
Ce serait vraiment La Kermesse aux Fleurs, La Kermesse du Bonheur si cela ne dérapait pas.
A mots feutrés, à fleurets mouchetés, les membres de ce comité vont se mettre en pièces au propre comme au figuré.
Chacun dans son stand va distiller un peu de son venin sur ses si gentils collègues.
Pour en arriver à des remarques publiques acerbes, des crises de larmes, des révélations peu reluisantes, des engueulades et autres réjouissances du même type. La Kermesse aux Fleurs devient quasi Règlement de compte à OK Corral.
Les comédiens vont et viennent, s’apostrophent, se menacent, s’embrassent, se poursuivent, le tout au milieu d’un public rieur, complice, surpris, médusé ou franchement participatif.
Complice et parodique, drolatique à souhait, dotée d’un humour noir, corrosif et très second degré, voilà la Kermesse. Une petite impression de ficelles faciles par moment pénalise un peu l’ensemble. Mais, le beau travail des comédiens, qui se glissent dans la foule et adaptent en permanence leurs répliques en fonction du public, compense allègrement.
La Kermesse aux Fleurs, c’est donc presque La Kermesse du Bonheur.
Spectacle vu le 10-05-2007
Lieu :
Théâtre Royal de Namur
Une critique signée
Muriel Hublet
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