Logo
Epiphanie 80
Irène (Stéphane Excoffier) et Emile (Léonil McCormick) sont divorcés depuis 15 ans.
Leurs enfants ont grandi entre deux foyers.
Anne (France Pinson) l’aînée, prépare son mariage.
Elle voudrait que tout s’y passe bien.
Histoire d’arrondir les angles et d’éviter les embarras le jour des noces, elle réussit à convaincre sa mère d’inviter son père pour un repas dominical.
Pour parfaire la joyeuseté des retrouvailles familiales et le plonger dans l’ambiance, son fiancé Philippe (Manuel Clément) sera naturellement présent.
Pierre (Julien Vargas), son frère, ne l’entend pas de cette oreille.  Il se sent, en apparence, très à l’aise dans sa vie rigoureusement compartimentée entre papa et maman et n’a guère envie que les lubies de sa sœur perturbent cette organisation presque confortable.
Rage, colère et frustration d’un côté, tomate crevettes en guise de madeleine de Proust de l’autre, le tout pimenté de quelques aveux et jalousies, la réunion risque d’être surprenante à plus d’un point.
 
Déjà jouée à plusieurs reprises, la pièce, connue sous le titre de Tranches de dimanche, a été légèrement modernisée et s’est ainsi vue rebaptisée Epiphanie 80.
Ecrit en 1980, ce texte de Jacques De Decker n’a pourtant pas pris une ride.  Cette délicieuse comédie douce amère reste pertinente et finement étudiée.  Comme à son habitude, Jacques De Decker y mélange habilement les ressorts comiques et l’émotion.  Il fait une peinture très réaliste des effets  psychologiques d’un divorce.  Difficile de ne pas se sentir interpellés tant nous avons tous connu, de près ou de loin, les effets d’une séparation sur les enfants et sur leur future vie d’adultes, la manière de se reconstruire après un divorce, la survie des sentiments.
La mise en scène très réaliste d'Eric Lefèvre et la petite taille de la scène du Théâtre de La Valette accentuent l’impression de montée de tension et permettent de percevoir au mieux le bouillonnement des sentiments qui agite chacun.

Les cinq comédiens servent très bien le propos de Jacques De Decker.
Stéphane Excoffier est impeccable dans son rôle de mère, hésitante entre regrets, amour passé et la flamme qui couve encore sous la cendre.
Manuel Clément est très plaisant en fiancé mal à l’aise, coincé dans une situation qu’il aurait bien voulu éviter.
Julien Vargas est surprenant dans ses différentes facettes de bon fils, révolté et retors.
France Pinson semble un peu mal à l’aise dans son costume de jeune fille de bonne famille et Léonil McCormick détonne agréablement dans cet homme calme et pondéré aux prises avec l’embarras et la jalousie.

Une découverte plaisante à faire ou à refaire que cette comédie optimiste, tendre et amusante, au ton très juste, délicatement ciselée par Jacques De Decker, qui excelle littéralement à nous offrir ce genre de petit bijou.

Spectacle vu le 08-09-2007
Lieu : La Valette

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF