Fait de monologues, mais aussi de dialogues avec le public, de parodies voir de satyres, mélange de théâtre et de vidéo avec une grande place à la musique, Pop surprend et dérange.
Il dérange volontairement notre ordre établi, il agresse notre vision des choses, nous titille, nous provoque et nous choque par moment.
C'est un peu comme un grand ado attardé qui commence à tout remettre en question : papa et maman, l'amour, le sexe, la société de consommation, la publicité, les jeux, la drogue, les médias, la mort, la vie, etc.
Comme référence, il utilise les personnages, les mots et les gestes que nous connaissons tous, tout en le revisitant à sa manière, ainsi, une visite au grand magasin peut devenir un plaidoyer contre l'indifférence envers son prochain.
Ne vous étonner pas de voir tour à tour Hitler, Jésus, Dark Vador ou Sitting Bull.
Armel Roussel explore toutes les facettes des arts de la scène, monologue, dialogue, danse, chant. S'y associe jeux de lumière, sang, neige pour accentuer encore plus les impressions et souligner au mieux les messages que veulent faire passer le metteur en scène et les acteurs.
Si la pièce peut sembler hétéroclite, on peut imaginer sans peine cependant la sueur, la volonté, l'imagination et le souci du détail qui les ont poussés, motivés et probablement par moment transcendés pour mener à bien un projet aussi lourd et aussi long.
Chaque geste est mesuré, accompagné d'un accessoire, d'une recherche et d'une esthétique propre.
Un tel souci de la qualité scénique ne peut qu'être souligné et applaudi.
C'est pourquoi, je déplore que cette pièce soit si longue, quasi trois heures. Il est difficile de maintenir une attention constante pendant si longtemps, petit à petit hélas, la sensibilité personnelle s'émousse et on ne perçoit plus toujours très bien les messages que les acteurs veulent nous faire passer.
Pop est un mélange extravagant, excessif, violent, agressif, caustique, cinglant, parfois outrageant, sans peur de heurter certaines sensibilités, de remettre en cause certains principes et certains tabous, d'aller à l'encontre de la morale et des bonnes moeurs.
Mais à aucun moment on ne pourra le dire frileux (les acteurs non plus) ou vulgaire.
Néanmoins, que les prudes, les pudibonds, les patriotes, les royalistes et les esprits coincés ou peu enclins à s'ouvrir à de nouvelles expériences s'abstiennent, Pop n'est pas pour eux, ils en ressortiraient rouges de honte, de colère ou de rage.
Spectacle vu le 12-12-2006
Lieu :
Théâtre Varia - Grande Salle
Une critique signée
Muriel Hublet
Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF