Misterioso-119
Une prison de femmes.
Des mots, des paroles, des semi-confidences.
Qui sont-elles ?
Quel est leur passé ?
Difficile de les cerner.
L’uniformisation, la déshumanisation latente, l’enfermement, la perte des repères les ont transformés en un tout.
Ces femmes forment un chœur qui agit et pensent à l’unisson.
Mais derrière ce mur compact se cachent bien des individualités.
De ce huis clos fait de témoignages et qui utilise comme déclencheur la présence d’une comédienne qui organise des activités théâtrales que va-t-il ressortir ?
Un passé douloureux, soigneusement enfoui sous une carapace, d’aspect épais, d’indifférence et de résignation ou des besoins, des envies, des rêves ?
Misterioso-119 est une fable anonyme et chorale tout à la fois.
Ces femmes sont sans noms s’expriment sur un rythme poétique, avec grâce et musicalité malgré la violence sous-jacente.
Entre réalité sordide et fantasmagorie, où est la frontière ?
Entre le bruit des mots et le poids du silence, où est la vérité ?
Six femmes sur scène pour nous entraîner vers des découvertes poignantes dans cette réalité sordide et sans guère d’avenir et ni de lumière.
Dans un dénuement scénique volontaire, seules, elles occupent l’espace de leurs mots et de leurs silences.
La mise en scène est très sobre (trop peut-être ?) et occupe trop peu l’immense scène du Marni.
Cela provoque une distanciation involontaire avec les comédiennes et la force des sentiments évoqués se dilue dans cet immense espace vide.
C’est donc un peu dommage de perdre ainsi une partie du magnétisme émotionnel des actrices.
Leur jeu n’est pourtant pas, dans l’ensemble, à remettre en cause.
Cachou Kirsch est ici formidable en meurtrière présumée, épaules basses, visage baissé, elle est l’image même de la résignation.
Son jeu est sans défaut, jamais une erreur, jamais un regard vers le public, elle est prisonnière volontaire et habitée de cette femme complexe.
Misterioso-119 est tout à la fois langage et musicalité, silence et rythme, il ébranle mensonges et préjugés dans une poésie violente qui ne laissera pas indifférent.
Spectacle vu le 27-04-2007
Lieu :
Théâtre Marni
Une critique signée
Muriel Hublet
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