Logo
La nuit la plus longue
La nuit la plus longueLivre de François Ost, Sade et la loi (paru en  2005) se clôturent par un dialogue entre Sade et Portalis.
Adapté par Jean-Claude Idée, il devient un spectacle complet sous le titre de La nuit la plus longue.

La Révolution française et son cortège de candidats à la guillotine font régner sur Paris la terreur.
Pour échapper au tranchant couperet, toutes compromissions sont permises.
Beaucoup de nobles ou de royalistes ont trouvé asile dans les cliniques et autres maisons de santé pour tenter de garder la tête sur les épaules.
Pourtant chaque jour, la charrette pour l’échafaud apporte à l’infernale machinerie son lot de nuques à trancher.
Demain, Portalis et Sade seront du voyage.
Ils sont tous les deux logés chez Coignard (Grégoire Baldari) en compagnie de la comédienne Mademoiselle Lange (Stéphanie Moriau).
Cette dernière, éprise du Marquis, a obtenu un sauve conduit pour arracher son amant du supplice public.La nuit la plus longue
Mais le machiavélique Sade ne l’entend pas de cette oreille.
Il préfère manipuler le temps d’une nuit infernale Portalis.
L’enjeu est bien plus que la vie ou la mort.
Avilir l’autre, le forcer à s’abaisser, à avouer sa lâcheté, sont les buts du sulfureux, débauché et provocateur marquis de Sade.
Il veut obliger le futur législateur français, un des pères du code de loi napoléonien, le rigoriste conservateur Portalis drapé dans sa vertu bien-pensante à fléchir, à se corrompre, à fouler aux pieds ses principes.
Ce chantage mortel devient une joute idéologique, philosophique et juridique.

Au-delà du brillant débat d’idées et des libertés prises avec l’histoire, La
nuit la plus longue est surtout un fameux duo d’acteurs.
Jacques Viala explose littéralement dans ce personnage complexe, violent, cynique  et retors, qui navigue entre folie et rhétorique tortueusement subtile.
Michel de Warzée infuse une certaine bonhomie à ce juriste conservateur.
Il met en relief les faiblesses de l’homme tout en se redressant pour rugir ses principes. Aveugle, chahuté, malmené par son adversaire, il tente de se défendre sans pouvoir cacher sa veulerie.
Dans une scénographie semi-réaliste de Christian Guilmin, la mise en scène de Jean-Claude Idée insuffle intelligemment de petits clins d’œil visuels ou des pointes d’humour pour alléger l’intensité de ce combat philosophique.

Au-delà de l’intense débat d’idées et du duel verbal La nuit la plus longue se révèle une jolie surprise théâtrale et une formidable prestation d’acteurs.

Spectacle vu le 23-09-2009
Lieu : Comédie Claude Volter

Une critique signée Muriel Hublet

Imprimer cette page
Enregistrer cette page sous format PDF