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La ville dont le prince est un enfant
La ville dont le prince est un enfantHenri Montherlant nous emmène dans un univers uniquement masculin, un collège religieux pour nous faire découvrir les enjeux de l’éducation.
Bien avant que les abus sexuels ne défrayent les chroniques judiciaires et ne fassent les grands titres des journaux, il nous ficelait un texte ciselé et incisif, une plaidoirie implacable, une rhétorique tortueusement et délicieusement retorse.

La ville dont le prince est un enfant est un imbroglio pour trois personnages.
Serge Souplier, le gamin, le cancre, aux yeux attendrissants, l’objet de la convoitise. En raison du jeune âge du personnage, il sera interprété en alternance par Nicolas Goffaux ou Raymond Emanuel Tillen.
André Sevrais est en terminale et est épris de ce jeune condisciple qu’il prend sous son aile.
La ville dont le prince est un enfantToussaint Colombani signe une interprétation magistrale de ce jeune rebelle.  D’une prestance et d’une présence étonnante, il est un nom qu’il faudra suivre dans l’avenir.
Jean-Philippe Altenloh, l'abbé de Pradts, est la troisième pointe de ce triangle dramatique et la plus machiavélique.
Il abuse de son prestige et de son pouvoir pour manipuler les deux plus jeunes et arriver à ses fins … Les séparer pour se garder l’exclusivité sur le petit garçon.
Homme droit, il ne se départira quasi jamais de sa rigueur ecclésiastique.  Il marche sans détour vers son apocalypse intérieure, son enfer personnel, sans espoir de rédemption.
Enfermé, tiraillé par cette nouvelle forme d’amour que jusque-là il ignorait, il s’opposera avec brio à son supérieur et juge du moment (Michel de Warzée)  dans un dialogue qui fera s’affronter tous les arguments catholiques en une joute verbale sublime, ironiquement insidieuse et subtilement irrévérencieuse.
Amitiés particulières ou affections douteuses, Montherlant distille habilement les sous-entendus.  Abus de pouvoir et d’autorité, manipulations des uns et des autres, il révèle au grand jour, ce qui se cache derrière les hauts murs des institutions La ville dont le prince est un enfantcatholiques. 
Pédophilie, amour paternel, fraternel, simple amitié ou plus, chacun se forgera son opinion et essaiera de démêler l’adroite et dense concentration de sentiments exacerbés et d’interdits qu’il a accumulés dans cette œuvre cent fois remise sur le bureau, écrite, réécrite, modifiée, affinée, accentuée ou atténuée avant d’enfin pouvoir être jouée au théâtre.
Entre la chair et l’esprit, il dévoile le combat de tous les instants, entre l’amour et l’amitié.

Spectacle vu le 07-03-2007
Lieu : Comédie Claude Volter

Une critique signée Muriel Hublet

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