On vit peu mais on meurt longtemps
Fabrizio Rongione, avec l’aide de son complice de coécriture Samuel Tilman, décortique nos aberrations, nos contradictions et notre mal-être moderne dans un seul en scène pétillant et finement observé.
Pendant près d’une heure trente, il vitriole nos incohérences quotidiennes.
Il monte en épingle une série de nos rapports à la vie si souvent paradoxaux, mais néanmoins solidement ancrés dans nos comportements.
Tout y passe dans un joyeux bastringue totalement débridé et pourtant drôlement interpellant.
Il fustige ainsi les grands écologistes qui dépensent des tonnes de fuel dans leur tour du monde de sensibilisation.
Il croque vertement les médias qui publient des articles alarmistes sur la couche d’ozone avec en encart publicitaire le dernier bolide à la mode.
Il s’interroge sur la délocalisation que l’on conteste si vivement alors que notre lit est Ikea, notre savon indonésien, notre peigne philippin, etc.

Nos comportements au GSM, notre impatience quand un mail met trois secondes à partir, notre exquise politesse dans les files, la crise bancaire, le stress, la vie en fenêtre Windows, la propagande et ses dérives, les contradictions de nos dirigeants politiques, … impossible de parler de tout tant le texte est une large vue de notre époque.
On vit peu mais on meurt longtemps est comme l’archéologue qui tente de décrypter cette ère crassique poubellique.

Naturellement, comme dans tout one man show, il y a quelques raccourcis faciles, quelques jeux de mots téléphonés, mais face à tant d’énergie, de pertinence et générosité, on ne peut qu’applaudir des deux mains.
Entre deux éclats de rire, la performance de Fabrizio Rongione sautera néanmoins aux yeux.
Il se glisse avec brio d’un personnage à l’autre pour mieux captiver et surprendre par une grande justesse de ton.

Un spectacle finement décapant pour évoquer les problèmes profonds de notre vie moderne et ses dérives.
Entre non-sens et absurde, un one-man-show généreux et solidement interprété par Fabrizio Rongione.

Spectacle vu le 07-10-2009
Lieu : Arrière-Scène
Une critique signée Muriel Hublet

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