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Récits d’un jeune médecin
Seul en scène, Dominique Rongvaux nous conte la vie d’un jeune docteur russe.
L’encre de son diplôme n’est pas encore sèche qu’il est envoyé dans une bourgade reculée comme médecin-chef.
Il est seul, sans guère d’expérience.  Pour seules références, les dissections anatomiques qu’il a vues, les 2 accouchements normaux  auxquels il a assisté et des tonnes de mots, de textes et de termes médicaux appris quasi par cœur.
Il se retrouve responsable des soins d’un district, avec la grande ville à 24h de carriole.
Il se doit de soigner, de guérir, mais il doute de ses capacités.
Que fera-t-il si … ?  Que prescrire si … ?  Osera-t-il se servir d’un scalpel ?
Son esprit bouillonne de questions et de perspectives plus terrifiantes les unes que les autres.
Mais la maladie n’attend pas, elle frappera à sa porte le soir même de son arrivée et …

Dominique Rongvaux nous offre le réalisme des incertitudes de ce jeune médecin.
Quelques démarches incertaines, quelques gestes retenus pour masquer peur et ignorance (quelques bafouillis aussi), quelques mines d’action et des allers-retours entre l’avant-scène et sa table de conférence.
C’est le bémol de l’ensemble, la mise en scène est un peu trop statique et risque de rendre lassant le texte de toute beauté de Mikhaïl Boulgakov.

Si le récit contient pas mal de termes médicaux, ils ne sont ni incompréhensibles, ni rébarbatifs.  Ils font simplement partie de la vie de ce docteur plein de doutes qui livre, sans pudeur, ses angoisses.
La peur de faire une erreur, de laisser mourir quelqu’un, de faire du mal inutilement, de paraître nul ou inefficace sont les sentiments qui torturent, au quotidien, l’âme de ce jeune homme de 23 ans, guère prêt pour de telles responsabilités.
Il va tout faire pour donner l’illusion, pour paraître assuré alors qu’il tremble à l’intérieur.
Récits d’un jeune médecin est le témoignage émouvant de la fragilité d’un homme guère préparé à ses responsabilités.
Avec réalité, sans rien masquer de ses pensées, il met son âme à nu et le public se régale de ces anecdotes pleines d’humour et d’autodérision.
Jamais il ne cachera aux spectateurs sa panique, ses hésitations, sa peur d’être incompétent, tout en offrant à ses patients un visage calme, serein et rassurant.
Tout le charme de la pièce tient dans ces contradictions, dans ce mélange entre actes et pensées. 
Rien n’y sonne faux ou ne joue sur la corde du pathos.
Un savant équilibre de mots, soigneusement dosés pour captiver et amuser.

Spectacle vu le 06-02-2007
Lieu : La Soupape

Une critique signée Muriel Hublet

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