Le Juste Milieu
Le Théâtre de la Toison d’Or vous invite à assister à une conférence très particulière.
Quatre orateurs sont prévus dans un discours sensé être rodé depuis des mois. Mais aujourd’hui tout dérape. L’un a ses petites humeurs, l’autre vient de se faire larguer par sa femme, ils vont devoir pourtant faire front uni pour convaincre leurs futures adeptes qu’ils détiennent la clé du mieux vivre.
Leur discours va se fissurer, va laisser apparaître de petites dissensions, sortes de petites lézardes sur un mur solide, pour découvrir petit à petit le gouffre béant de la discorde et de la colère.
Leur technique est toute simple en apparence. La vie se divise en trois zones.
Climaxxxxxxxxxxxxx quand vous êtes au top, euphorique, Ground Ziiiirooooooooooo quand le moral est dans les chaussettes et entre ces deux extrêmes, l’idéal à atteindre…. Le Juste Milieu.
Ils vont vous aider grâce à leur méthode et en vous vendant leur bouquin (pour la somme dérisoire de 105 €) à laisser de côte vos zones d’ombres et d’accéder à vos parts de soleil.
Ils vont vous donner trucs et astuces, comme ce Quiet Bag (sac de tranquillité retrouvée), un sac en aspect papier, fabriqué à partir de poils de babouin (qui vous sera vendu pour la somme dérisoire de 65 €). Il est à utiliser en cas de grosses crises, dans les moments où il faut se soulager d’un trop-plein. La méthode est toute simple, vous ouvrez le sac, vous l’approchez de la bouche et vous y déversez (au propre comme au figuré) toute la bile accumulée. Ensuite, apaisé, vous fermerez le sac et le jetterez.
Le Juste Milieu est une farce très grinçante.
Caustique et amère, elle met le doigt sur notre envie de bonheur, mais elle démontre aussi cruellement qu’il n’y a pas de solution miracle, de méthode universelle.
Une parodie de conférence qui use de toutes les ficelles du genre : les gestes, la musique, les photos, les pseudos témoignages, les sourires figés, la bonne humeur de façade tout y est.
Certains gags sont prévisibles, mais il y a aussi pas mal de bonnes trouvailles.
Dans un décor très minimaliste, toute l’action ou presque se joue sur les oppositions larvées ou bien franches entre les orateurs. De l’union fait la force, cela ressemblera bien vite à du chacun-pour-soi, après un passage digne de règlements de Comptes à OK Corral.
Un pastiche qui vise juste au milieu, là où cela fait mal, là où l’on est le plus sensible et si l’on rit c’est parfois un peu jaune tant le propos est sarcastique, hautement dérangeant, mais tellement vrai… qu’il vaut mieux en rire.
Spectacle vu le 17-01-2007
Lieu :
Théâtre de la Toison d'Or
Une critique signée
Muriel Hublet
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