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Et Sans Ciel?…
Conversations d’enfants après un enterrement.
Cinq enfants sont réunis pour la mort du Papy.
Famille décomposée, recomposée ou mixte, ils sont frères, cousins demi-soeurs.
Ils vont s’opposer ou se chercher, se réconforter ou se déchirer à grands coups de phrases acides.
Parfaites répliques de l’idiotie adulte, ils vont en reproduire les schémas biaisés par une vision enfantine, en répéter les a priori.
On perçoit très vite en chacun des gamins une fêlure, une cicatrice à vif. L’un est métis, l’autre battu, l’une s’est vue affublée d’une demi-sœur, l’autre craint la mort et le noir, …
Chacun est là avec sa souffrance, avec ses silences éperdus qui en disent longs à qui sait les entendre.
L’enfance est un monde cruel et entre eux pas question d’aide, de compréhension et de compassion.
C’est chacun pour soi et tous contre le plus faible.
En socquettes, shorts, bottes et jupes plissées, les cheveux enserrés dans un chouchou ou soigneusement tressés, ils sont l’image même de l’enfant trop vite grandi, trop vite devenu vieux.
Malgré quelques clichés, ce texte amuse et fait rire tant les situations, les mimiques ou les gags imaginés par les jeunes comédiens (qui jouent leur propre partition collective) sont plaisantes.

Pierre Collet, Marie-Sylvie Hubot, Julie Lenain, Pierre Nisse et Sandrine Quynh sont généreux dans leur jeu et imaginatifs.
Ils créent l’inattendu avec des bouts de ficelles ou des chaussettes.
L’imagination, surtout quand elle est collective a souvent ses limites et le propos séduisant du départ se dilue très vite dans une série d’interludes ludiques.
Concours de crachats, de jets d’urine, de un deux trois piano, de bras de fer, … amusent un temps mais finissent par lasser un peu.
Le public a (un peu ?) passé l’âge du préau des primaires.
Même si une scène comme la danse des patates est plus que savoureuse, d’autres comme cette série longue d’interrogatoires policiers frisent vite le fastidieux.
On ne peut donc que regretter ce virage a 180° qui a fait passer les 5 enfants du jardin après la réception d’enterrement à la cour de récréation.

Intéressant début donc avec malgré tout le rire assuré tout de long du spectacle.
Et Dieu sait, si faire rire est un art difficile.
Un art qui demande aussi pas mal d’équilibre et à force de chercher le gag à tout prix, la petite équipe est peut-être passée à côté de l’essentiel : l’humain.
Gageons qu’ils retravailleront Et sans ciel ? pour nous offrir une vision plus précise et approfondie de l’enfant, de sa place dans la famille et face à la mort.

Spectacle vu le 20-04-2008
Lieu : Théâtre de la Toison d'Or

Une critique signée Muriel Hublet

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