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Genèse n°2
Genese 2Un texte écrit par Antonina Velikanova,  ancienne prof de maths russe, internée pour schizophrénie aiguë, envoyé au dramaturge  Ivan Viripaev avec les mots de Shakespeare : Le monde est un théâtre et les gens sont des acteurs, cela paraît étrange et déroutant ?
Oui, mais d’emblée, on vous le présente comme tel.
Sur scène, trois personnages, Ivan Viripaev lui-même (Antoine Oppenheim) qui jouera le rôle du prophète Jean,
Antonina Velikanova (lumineuse Céline Bolomey) qui sera nommée ici la femme de Loth, la femme sans nom de la bible, celle qui pour regarder son passé, s’est retrouvée figée pour l’éternité en statue de sel et Dieu lui-même sous les traits du psychiatre (étonnant Vincent Lécuyer).
Les premiers mots seront de Viripaev pour expliquer le propos de la pièce, le fait qu’il a incorporé au manuscrit de la schizophrène, des extraits de courrier échangé et des chansons de son cru, écrite dans un style qui, il l’espère correspondent à celui de l’auteure.

Un dialogue troublant va ensuite s’échanger entre Dieu et la femme de Loth, avec pour thème la folie, la place de Dieu, la recherche d’un sens, d’un but à la vie, l’identité de chacun, le poids du vide.
Loin d’être rébarbative, cette joute oratoire est plutôt jouissive.
S’il faut parfois quelques minutes pour en percevoir les subtilités, cela devient ensuite un singulier régal de rhétorique.Genese 2
Bouts de phrases en apparence décousues, rythmes hachés,  changements de ton, cris, sauts, gesticulations, tout s’enchaîne dans un désordre apparent, sur une scène entièrement vide où deux miroirs dressés reflètent les images des comédiens.
Impression de délire, de folie, mais finalement aussi d’une intelligence pointue, d’une naïveté confondante de réalisme, sensation d’être dans un chaotique tourbillon clairement ordonnancé, Genèse 2 est une création morcelée, désordonnée, fougueuse, une sorte de tableau surréaliste de l’homme par l’homme.
Pendant une heure, ce voyage en absurdie où les fous ne sont pas forcément ceux que l’on pense, où les esprits s’effacent à grands coups de chiffons humides, où les élucubrations de cerveaux malades paraissent diablement sensées et les mots d’un Dieu-médecin, thérapeute patenté, drôlement extravagants, se vivra comme une transposition ludique et déjantée d’une réalité éclatée, une ode purificatrice audacieusement délirante et rafraîchissante.

Spectacle vu le 17-10-2007
Lieu : Théâtre Varia - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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