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Jeux d'adultes dans une chambre d'enfants
Jeux d'adultes dans une chambre d'enfants  Un homme, habillé comme un laquais, pousse un petit train à grand renfort de tchou tchous retentissants.  Une femme, vêtue comme une ballerine, coiffe une poupée, assisse sur un coffre à jouets.  Par terre, autour d’eux, des amas de vêtements d’enfants, des poupées, une paire de menottes, un pistolet, une dînette.
Nous sommes dans une chambre ou dans une salle de jeu, on le devine aisément.  Les costumes de ces adultes semblent grotesques et leurs paroles seraient plus adaptées dans la bouche de gamins que dans les leurs.
Qui sont-ils ?  Nous ne le saurons jamais.
Que font-ils ?  Ils jouent.
Pourquoi jouent-ils ? Là est la seule et vraie question.
Leurs dialogues vont nous ouvrir une multitude de pistes, vont nous faire percevoir les fêlures cachées, les abîmes dissimulés et les souffrances taraudantes.

Du chef de gare et sa passagère en retard, du précepteur et son élève récalcitrante, du policier et sa plaignante, de l’heure du thé au grand bal, du docteur et sa malade, ils nous entraînent d’une saynète à l’autre dans un rythme endiablé.Jeux d'adultes dans une chambre d'enfants
Lui est fatigué, aspire à dormir.  Elle lance, sans cesse, un nouveau thème, endosse une nouvelle identité, elle refuse d’arrêter le manège des illusions, elle veut continuer à tournoyer ainsi sans fin.
Le sol en damier de leur salle de jeu est un peu comme dans un gigantesque échiquier aux pièces manquantes.  Elles vont apparaître, petit à petit, dans des bribes de dialogues.  Le pion de l’alcool, le fou de l’oubli, la reine du déni, la tour du refus, le cavalier du pardon, le roi de patience, tous vont se mettre en place devant vous… Mais au gré de votre imagination, de vos impressions, de votre cœur.  Rien n’est formel, il n’y a pas de cases imposées, ni de règlement précis dans ce jeu très psychologique.
Pas de classique combat entre la reine blanche et le roi noir, mais bien une fuite ludique, une alternance entre vainqueur et vaincue, entre deux manipulateurs, entre deux victimes de ce qui est … plus qu’un jeu.
L’affiche est composée de jeunes qui promettent, à commencer par l’auteur (et co-metteur en scène), Julien Vargas, qui joue avec le public et les comédiens comme un chat qui d’un coup de patte fait rebondir la pelote de laine vers un autre coin de la pièce, en ne démêlant jamais qu’un petit bout de fil à la fois.
Ce couple très particulier est brillamment interprété par Clément Manuel  et France Pinson.
La petite taille de l’Arrière-Scène permet de profiter au mieux de leur qualité de jeu.  Ils sont des familiers de nos scènes belges dans des seconds rôles.  Cette fois, le projecteur est directement braqué sur eux et nous permet donc de les inscrire dans les jeunes artistes à suivre.

Spectacle vu le 10-01-2007
Lieu : Arrière-Scène

Une critique signée Muriel Hublet

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