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Les Dernières volontés
Le noir leur va si bien
Les Dernières Volontés Qui n’a pas connu des retrouvailles pour un enterrement ?
Un sujet en apparence morbide, loin thèmes classique de la comédie ?
Et pourtant, Dominique Breda et Alexis Goslain en tirent un texte amusant en diable en mettant face à face deux sœurs plusieurs années après leur dernière rencontre.
Anecdotes, rancunes, reproches, contingences matérielles, héritage, notaire, legs, cérémonie de l’enterrement, choix des musiques et papotages lors du traditionnel café du mort, vont s’égrener dans un désordre temporel (voulu et compréhensible) pour nous faire percevoir ces deux femmes, ces deux gamines bien mal-aimées.
Dans de courtes saynètes qui s’enchaînent à rythme rapide, elles vont retraverser l’enfance, l’adolescence et évoquer leur vie d’adulte avec des phrases simples, parfois piquantes et non sans quelques plaisants jeux de mots.
Que ce soit dans le souvenir de leur mère, une maniaco-dépressive, doublée d’une paranoïaque qui voyait dans un bout de carotte un micro et se sentait en permanence espionnée, de leurs géniteurs respectifs, semeurs au vent, de petites graines, de leurs rapports de force pendant l’enfance (ce qui laisse aussi imaginer la profondeur de la détresse de chacune), rien ne fait pathos ou exagéré, mais soulève sa vague de petits rires appréciateurs.
Les deux comédiennes Catherine Decrolier (Ludivine l’aînée) et Julie Duroisin (Hélène la cadette) jouent principalement tournées vers le  public, comme si elles n’osaient vraiment s’affronter ou faire face à leur réalité commune.Les Dernières Volontés
Cette originalité de la mise en scène de Cathy Min Jun (assistée de Agathe Cornez) nous permet d’apprécier la précision de la gestuelle.
Chaque mouvement se suit, s’enchaîne, tout semble formidablement couler de source alors qu’il a fallu un fameux travail pour arriver à un résultat su précis.
Cela mérite donc d’être plus que souligné.
La petite taille de la salle du XL-Théâtre permet également de savourer de près la qualité des mimiques expressives des deux demoiselles : mentons tremblants, yeux embués, gestes hésitants, …
Excellentes Catherine Decrolier et Julie Duroisin nous offrent une prestation toute en nuances et en finesse de ces deux paumées adorables et réussissent le challenge délicat de passer en un instant d’un extrême à l’autre, comme des pleurs d’un bébé inconsolable à l’ébriété par abus de mousseux (trop sec).

Sans aller jusqu’à pleurer de rire devant ces dernières volontés cocasses, elles sont un excellent moyen de passer une délassante soirée à la découverte de deux comédiennes prometteuses.

Une dernière volonté … théâtrale en sortant de la représentation ?
Que ce spectacle ne soit pas le dernier de ce duo d’auteurs qui nous a déjà régalé plus d’une fois de petites comédies plaisantes et piquantes ni de ce duo d’actrices qui dégage une belle alchimie d’ensemble.

Spectacle vu le 05-02-2008
Lieu : Théâtre du Grand Midi - XL

Une critique signée Muriel Hublet

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