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Saadi, agence de gaieté
Le Théâtre National nous offre un spectacle en deux parties.
Saadi, agence de gaieté La première est un film documentaire qui nous conte les difficultés d’une troupe de théâtre iranienne : le Théâtre Nasr (avec pour seul bémol que la projection se fait sur le rideau même du National et est donc un peu … ondulée).
Des hommes et des femmes contraints à la fermeture par le Jihad qui réprouve un mode d’expression populaire et frondeur qui existe depuis la nuit des temps.
On découvre leur révolte, leur incompréhension, leur sentiment d’injustice et leurs larmes face à la disparition de ce qu’ils aimaient le plus et devant l’obligation de gagner sa vie autrement quand on a un âge avancé.
L’aîné de la troupe et acteur principal avoue ses 73 ans bien sonnés (et … il les a eus il y a quelque temps déjà).
Le film ne se veut pas larmoyant, mais il émeut quand même surtouSaadi, agence de gaietét quand le rideau s’ouvre et qu’on voit arriver les acteurs en civil s’asseoir et continuer à exprimer peine et désespoir avant de reprendre courage, car on vient de leur trouver un lieu pour jouer.
La seconde partie est le spectacle en lui-même, une sorte de commedia dell’arte à l’iranienne.
Les paroles des acteurs sont sous-titrées, partiellement il est vrai, mais leur jeu est tel qu’on comprend sans problème l’histoire.
Il nous échappera probablement quelques jeux de mots, mais l’ensemble est plaisant et agréable.  La critique et la satire sont universelles, on y reconnaît sans peine les grands de ce monde et les petits coups de griffes vers les ayatollahs ou Georges Bush sont suffisamment clairs pour nous faire rire.
C’est un spectacle généreux, surprenant, chaleureux qui nous est offert.
Un exploit même quand on voit les performances de ces acteurs parfois très âgés.
C’est aussi l’émotion et la joie qui se lisent dans leurs yeux en recevant nos applaudissements (mérités).  Le plaisir d’une reconnaissance de leur art dans un pays étranger alors qu’ils sont des parias dans le leur.

Saadi, agence de gaietéNul n’est prophète en son pays dit le proverbe.La Muette de Portici a fait se lever les belges jadis, espérons que le pouvoir de la Culture ne disparaîtra jamais et que l’accueil réservé au Siah Bâzi soit le moteur d’un prochain changement d’esprit en Iran, mais aussi partout dans le monde.

Spectacle vu le 17-10-2006
Lieu : Théâtre National - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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