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L’Illusion comique
Complexe mystification
L’Illusion comique  Un mage fait apparaître son fils à un père éperdu de chagrin.
Réalité ? Mystification ? Illusion ?
Le titre de cette œuvre de Corneille est très clair…
Illusion …
L’auteur ne ment pas, il nous offre dans ce texte de jeunesse une série de scènes qui mettent le théâtre dans le théâtre et qui laisse en permanence le spectateur dans l’expectative entre conte et réalité.
Pierre Corneille en profite pour nous proposer une touche de comédie, une pointe de dramatique, un zeste de fantasmagorie et pour marier des genres qui vont plus grand classicisme à la commedia dell’arte.

Marcel Delval nous présente une version intemporelle qui pioche allègrement ses références dans différents siècles.
Une scénographie tout en fins voiles et des costumes d’époques variées (un joli travail de Claude Renard) côtoient bruitages, effets de fumées, laser et musique électronique.
Le classique Matamore (formidable Luc Brumagne) voisine avec un mage semi robotisé à l’œil en forme de webcam (inquiétant Pierre Dherte), tandis la tenue et le comportement du geôlier (Arieh Worthalter) remontent à l’âge de pierre.
Spectacle de l’anachronisme des genres, l’adaptation de Marcel Delval respecte pourtant au pied de la lettre (pour ne pas dire du vers) cette œuvre trop souvent écourtée ou rabotée.
Cette observance du sens premier (et surtout du premier acte) imaginé par l’auteur est louable, mais nous inflige certaines scènes un peu longuettes.L’Illusion comique
Cette Illusion Comique devient donc une vision démultipliée voir presque kaléidoscopique, séduisante par bien des aspects, mais également par instants dérangeante.
Malgré ce bémol, il serait mesquin de faire l’impasse sur une pièce qui offre de si beaux rôles aux comédiens.
Un choix pour lequel le metteur en scène Marcel Delval a décidément eu la main heureuse.
Outre Luc Brumagne qui signe ici une prestation étonnante, il a confié le rôle-titre, celui de Clindor, à Othmane Moumen qui assume cette tâche avec le talent et la souplesse qu’on lui connaît.
Carole Weyers devient Isabelle l’amoureuse éperdue, Babetida Sadjo campe avec brio une soubrette impayable tandis que Rosario Amedeo séduit en vert galant cocasse.

Un spectacle sans demi-mesure qui ose mêler le respect et la modernité pour un résultat surprenant, bien loin des sentiers battus, mais qui, comme toute innovation laisse parfois un peu pantois.
Trop ?  Trop peu ?
Où est la mesure ? Où est la démesure ?
Illusion ou désillusion ?
A chacun sa vision, sa perception et … son avis.

Spectacle vu le 11-03-2009
Lieu : Théâtre Varia - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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