Bolero Flamenco
Pour deux jours encore à Bruxelles, ce spectacle unique en son genre est à découvrir de toute urgence.
Ballet Teatro Espanol a été créé par Rafael Aguilar, aujourd’hui décédé.
Ce sont ses chorégraphies qui font ici un tour du monde avant peut-être d’autres créations nouvelles sous la houlette de Carmen Salinas dépositaire du destin de la troupe.
Cette compagnie nous offre un subtil mélange entre les traditions du flamenco et la danse moderne.
Pas de castagnettes ou de sombrero, mais du rythme, de l’expressivité poussée au paroxysme de sa sensualité.
La musique hispanique s’accompagne du bruit des claquettes pour créer des morceaux pleins de grâce, mais aussi des ambiances vives et festives que ne désavoueraient pas certains spectacles de danse irlandais.
Divisée en trois parties, la représentation commence par souffler chaud et froid, dans une envolée de jupons noirs et blancs.
Inspiré de Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca, on y retrouve des femmes sous l’emprise de leur mère, vêtements noirs, réserve de rigueur, raide compassion. Tout cela finira, comme il se doit, par voler en éclat pour laisser libre place à l’amour et aux plaisirs charnels. Prenant, poignant, sensuel, épuré ce ballet joue littéralement avec vos sentiments.
Seconde partie, le Boléro, la musique mythique de Ravel revue sous l’œil du flamenco.
Des danseuses quasi immobiles vont rythmer de la main, des pieds et de grands écarts de jambes, la danse d’un homme. L’envolée de leurs jupons écarlates crée un petit plus à la sensualité propre au Boléro.
Il y a malgré tout un anachronisme entre la fougue lascive de Ravel et ce ballet épuré et par moment presque froid.
Visuellement impeccable, on ne ressent pourtant guère d’émotivité supplémentaire à celle qu’apporte la musique.
La dernière partie (après l’entracte) est celle qui nous rapproche le plus du flamenco traditionnel que l’on connaît.
Dans une ambiance entre bal et bodega, ils vont nous faire vibrer et nous offrir quelques superbes solos.
Les talons vont faire vibrer le plancher de bois, le son des claquettes va souligner la musque endiablée de l’orchestre présent sur scène.
Dans ces danses, chacun y trouvera l’inspiration qu’il souhaite.
Derrière les fortes influences ibériques, on retrouvera un peu d’influence de la danse contemporaine et même, à mon humble avis quelques notes celtiques.
Est-ce une demande du public que ces performances très physiques et par là également visuelles ? En tout les cas, les spectateurs en redemandent et la troupe n’est pas avare pour répondre à ces applaudissements nourris.
Bolero Flamenco se termine sur un spectacle généreux.
Il faut le voir pour faire l’expérience de ce mélange de modernité, d’avant-gardisme et de tradition.
On nous présente ici l’Espagne sous diverses facettes, le plus difficile pour nous étant d’en percevoir l’identité, entre la diversité montrée sur scène et celle plus unique qui reste dans nos cœurs.
Mais le Flamenco n’est-il pas aussi un mélange entre danse et musique, entre guitare et claquettes, entre fougue et retenue, entre passion et désespoir ?
Spectacle vu le 04-12-2006
Lieu :
Cirque Royal
Une critique signée
Muriel Hublet
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