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L'Avare
Molière revu, dépoussiéré, revigoré par l’imagination de Michel Dezoteux … un régal.
Pendant plus de deux heures, il nous offre un avare impayable, totalement déjanté, hilarant dans les situations modernisées, mais avec les mots de Monsieur Molière.

Chaque élément de décor, chaque personnage est volontairement très kitsch, du rideau à paillettes à la cuisine des années 60, des tenues posthippies au rappel d’une émission de télé bien connue.  Le ton est donné d’emblée quand apparaît au lever de rideau un Valère en sous-vêtements et une Elise en nuisette.
Toute la pièce sera de même.  Chaque caractère, chaque acteur est modernisé, caricaturé par Michel Dezoteux.  Il se voit affublé, par exemple, d’une dégaine pas possible, de chaussures trop grandes ou un nez proéminent.
Christian Hecq est un Harpagon délirant, frappadingue, qui boîte comme vieillard ou sautille comme un cabri, vêtu d’une redingote étriquée, poL’avare ussiéreuse à souhait, rapiécée de tous côtés et avec aux pieds des hauts talons que ne désavouerai pas une drag-queen.  Il court, il s’agite, il gémit, il pleurniche, il invective, il supplie, il cabotine, il prend le public à témoin, un pur bonheur.
Nous avons connu un De Funès mémorable au cinéma dans ce rôle de rapace cupide, de ladre avaricieux.  Nous pouvons désormais et sans hésitation mettre au même niveau Christian Hecq au théâtre.

A ses côtés, Karim Barras est Valère, l’intendant flagorneur et l’amoureux transit de la fille d’Harpagon.  Il mélange habilement flatteries et élans amoureux, mensonges et déclarations.   Il insuffle une telle vie, il met une telle puissance dans son personnage qu’il nous empoigne et nous émeut tant il est criant de vérité dans la longue tirade où il avoue son amour interdit.

L’avare - Christian Hecq et Anne-Marie LoopJ’épinglerais encore Anne-Marie Loop qui est une Frosine drolatique à souhait tout à la fois cajoleuse, louangeuse, flatteuse avec des yeux et des gestes qui en disent tout le contraire. Sans oublier Denis Laujol qui est un La Flèche superbe d’onctuosité et de fausseté.
Mais je pourrais tous les citer tant ils se donnent à fond, tant ils ont un jeu généreux et nous offrent un moment inoubliable, un spectacle qui fera date dans beaucoup de mémoire et qui marquera par son originalité, son audace et sa réussite les annales du théâtre.

Spectacle vu le 14-10-2006
Lieu : Théâtre Varia - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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