L'Amérique
Deux jeunes gens, que tout oppose, vont se lier d’amitié.
D’un côté, il y a Babar, jeune bruxellois, issu d’une famille juive, épris de grandes idées et de liberté, complexé par un sentiment de culpabilité et d’injustice transmis comme un héritage douloureux par ses parents.
Étriqué dans sa petite vie, il aspire à autre chose.
Sa rencontre avec Jo, jeune marginal parisien va être le déclencheur de sa petite révolte.
Ensemble ils vont vivre de l’air du temps, de grivèleries, de rapines et de fumées très herbeuses.
Ils vont connaître un bonheur illusoire, masquer leurs fêlures, rejeter les remords, mais … sont-ils pour autant heureux ? Une crise identitaire située dans les seventies, une crise très rock et très blues, un road movie initiatique qui se transposerait tout aussi bien aujourd’hui tant le récit est proche de notre quotidien et remet en question notre propre identité.
Qui sommes-nous ? Quelle est notre place ?  Quel sera notre avenir ?  Jusqu’à quels compromis sommes-nous prêts à aller ?  Que faire de nos rêves ?
Kribus a trois casquettes sur la tête dans L’Amérique. Auteur, metteur en scène et interprète, il nous offre un texte tout à la fois drôle et tendre, poignant et tragique, attendrissant et subtilement ironique.
Dans une mise en scène rapide et nerveuse, il est Babar et Bernard Sens est Jo.  Ils vont et viennent avec vivacité.  À grand renfort d’accessoires bien imaginés, glissés dans une trappe ou encore qui tombent du plafond, ils nous font vivre les différentes étapes de ce voyage à la recherche d’eux-mêmes.
Si Babar s’épanouit, Jo sombre dans une désillusion profonde et suicidaire.
Une interprétation sans faille complète agréablement le texte superbe, mais Bernard Sens vient d’être nommé Meilleur Comédien 2006, un gage supplémentaire de la qualité (mais est-il bien nécessaire ?) et de la tristement subtile beauté de la pièce.
Rêvée et mythique comme dans la chanson de Joe Dassin, atteindrons-nous un jour notre Amérique ?
Celle de Kribus, elle, est à voir et à découvrir absolument.

Spectacle vu le 21-11-2006
Lieu : Atelier Théâtre Jean Vilar
Une critique signée Muriel Hublet

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