Frédéric Haugnesse est cet homme meurtri, avili, affamé, famélique, qui vole, qui souffre, qui a froid, qui a faim, qui est prêt à tout pour un bout de pain.
Pendant 1 h 20 min, il va nous faire ressentir tout cela.
Un difficile challenge que de transmettre un message d’une telle force, de faire percevoir une douleur si profonde et une détresse inimaginable, inconcevable.
On nous montre régulièrement des films sur cette période, sur les souffrances des uns et des autres dans les camps et c’est criant de vérité. Mais entre chaque scène tournée, l’acteur a le temps de souffler, de se reposer, de se re-concentrer, il a des partenaires pour lui donner la réplique.
Frédéric Haugnesse est seul, tout seul, comme l’était Primo Levi à Auschwitz, il n’a personne pour l’aider et le soutenir.
Il puise en lui même l’énergie et la force pour nous transmettre les mots de Si c’est un homme.
(Un texte aujourd’hui unanimement considéré aujourd'hui comme un chef-d'œuvre.)
Son seul soutien, c’est moi, c’est vous, c’est nous le public qui écoutons dans un silence lourd et pesant, qui le souffle coupé recevons en plein visage un récit atroce, entendu déjà plus d’une fois, mais qui reste, encore et toujours, prenant et bouleversant.
La sobriété de la mise en scène prend toute sa valeur grâce aux jeux de lumière, déjà mentionnés plus haut mais aussi par le fait symbolique que pendant tout le spectacle Frédéric Haugnesse reste debout. Debout face à tout, debout comme un homme, debout comme cet ordre, ce mot si simple, mais empli d’une connotation douloureuse quand il est prononcé par les gardiens du Lager.
Plébiscité Prix de la critique 2006-2007 comme Meilleur seul en scène
Spectacle vu le 06-11-2006
Lieu :
Théâtre de Poche
Une critique signée
Muriel Hublet
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