Les Monologues du Vagin
Que dirait votre vagin s'il pouvait parler?
Mon dieu, mais quelle question !
Comment oser vous !
Mais après ces deux remarques légèrement choquées, le bougre se rattrape, il devient intarissable.
C’est qu’il en a des choses à dire et à raconter le pauvre qui a été ignoré depuis des siècles, considéré comme tabou ou comme partie honteuse à enfouir sous des couches de vêtements, il a été (et est toujours) mutilé, martyrisé, soumis, idolâtré ou avili.
Qui mieux que des femmes pouvaient enfin lui donner la parole.
Elles sont quatre :
Il y a Eve Ensler, qui a transformé en monologue tous les aveux, toutes les confidences féminines recueillies pendant ses quelque 200 interviews.
Sur scène, elles sont trois : Colette Emmanuelle, Virginie Hocq, Marie-Paule Kumps.
Trois femmes, trois générations, trois artistes qui vont nous faire écouter, entendre et comprendre, par le rire et l’émotion, ce monstre sacré qui a, lui aussi et quoi que certains en disent, quelques pouvoirs (même s’il les ignore).
Tour à tour, elles sont femmes, toutes les femmes : jeune ou vieille, pute ou P.D.G., noire ou blanche, musulmane ou juive, épanouie ou complexée, …
Elles nous empoignent littéralement, captent véritablement l’attention du public, elles sont elles, elles sont nous (pour rappel, un homme sur deux, sur cette Terre, a un vagin).
Sans vulgarité, avec des moments forts, des moments intimes, des mots tendres, des mots durs, elles font rire aux larmes devant certaines réparties ou la réalité du propos.
Du vagin en colère et totalement révolté contre le bec de canard glacé que le gynéco lui introduit au cours de gémissements vaginaux les plus populaires, difficile de résister et de rester stoïquement amorphe dans son fauteuil.
Difficile de retenir une larme quand elles clament la détresse physique et morale de la femme violée, avilie, battue, ou excisée.
Avec une complicité évidente, Colette Emmanuelle, Virginie Hocq, Marie-Paule Kumps donnent la parole à Minou, au poudrier, à la chatte, à la moule, à la fente, à la cramouille et autres noms si poétiques dont on affuble souvent ce bavard vagin.
A voir absolument ou à revoir d’urgence pour ne jamais plus le renvoyer au terrible silence de l’ignorance.
Spectacle vu le 03-10-2006
Lieu :
Théâtre de la Toison d'Or
Une critique signée
Muriel Hublet
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