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L’étrange Mister Knight
Ciné? Théâtre? Une prouesse bluffante
Etrange Mister Knight Au milieu de la salle trône un vénérable projecteur, sur la scène, un écran blanc est tendu et dans un coin on a déposé un piano.
Assis sur nos strapontins, nous faisons un bond de 100 ans en arrière, nous voilà au temps du cinéma muet, des films noirs et blancs, aux teintes passées,aux images saccadées, tremblotantes, parfois tachées.
Le récit nous plonge dans une allégorie de Frankenstein.
Un Etrange Mister Knight assemble des morceaux de cadavres pour donner vie à des créatures.  Et comme dans tout conte qui se respecte, la phrase suivante est …Jusqu’au jour où
Un scénario qui nous paraîtra désuet ou même un peu banal par rapport aux superproductions hollywoodiennes et à l’avalanche d’effets spéciaux auxquels nous sommes désormais habitués.

Bizarre !?
Le programme parlait pourtant de théâtre et nous visionnons un film ?
Mystification ?  Illusion ?
Mister Knight est un peu des deux.  Grâce à une mise en scène soignée (signée Michel Carcan et Bruce Ellison qui joue aussi le rôle de Gabriel) et à à quelques procédés techniques jalousement gardés, des acteurs d’aujourd’hui jouent en direct un film d’autrefois.
Derrière le travail de réalisation visuelle, c’est surtout les prouesses artistiques des comédiens qu’il faut applaudir.
Soigneusement grimés, ils miment l’action à grand renfort de gestes lents, saccadés.  Ils donnent l’impression de ralenti ou d’accéléré, enchaînent chutes et gags et même les répètent à l’envi.
Pas évident par exemple de rouler en bas d’un lit et d’y regrimper derechef, dans le même mouvement simplement inversé, et sans utiliser le facile trucage de la marche arrière.
Ici tout se fait à la force des biceps, avec agilité et beaucoup de maîtrise.

Succès mondial, il y a une vingtaine d’années, Mister Knight nous revient enfin, avec le même noyau de base, même si certains sont passés désormais de l’autre côté de la scène, c’est donc le même esprit qui gouverne, la même méticulosité.
Cinéma ou théâtre, plus d’une fois l’hésitation sera de mise tant les gestes sont précis pour un résultat visuel bluffant.

Etrange Mister Knight Faudra-t-il le nominer aux Césars ou aux Prix du Théâtre, l’hésitation reste de mise.  Mais quoi qu'il en soit, la performance d’Othmane Moumen mérite une palme.
Son jeu scénique et sa souplesse étaient déjà frappants dans ses précédents rôles (et plus particulièrement dans son interprétation du perroquet dans Le Sourire du diable à Jean Vilar la saison dernière).
Il confirme magistralement la chose en signant ici une prestation remarquable.

De la salle, on remarque la profondeur de champ, on perçoit quelques bribes de son, on entrevoit un peu de couleur (celle des langues par exemple) ou l’éclair d’une lampe, mais ce sont bien là les seules indications perceptibles qui qui montrent que nous sommes au théâtre et non au cinéma.
Il est donc un peu dommage que les mécanismes ne soient jamais révélés, les rideaux entre écartés pour mieux permettre au public de percevoir la magie et la réalité de cet exploit technique et physique et de pouvoir ainsi l’apprécier à sa juste valeur.

Spectacle vu le 16-08-2007
Lieu : Pathé Palace

Une critique signée Muriel Hublet

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