Scènes de la vie conjugale
Marianne et Johan sont mariés depuis des années.
Nous allons vivre avec eux quelques instantanés de leurs vies.
Ces quelques moments, soigneusement décrits par Ingmar Bergman, ne laisseront personne indifférent.
Nous nous y reconnaîtrons tous peu ou prou tant l’ensemble est criant de vérités, de mensonges et fleure bon le quotidien de tout couple.
De la mère envahissante aux sorties du couple, des enfants au boulot, de l’envie d’évasion à celle de se retrouver à deux, de la séparation au divorce, de l’amour à la haine, de rage à l’indifférence, de la patience à l’indifférence, tour à tour, Marianne et Johan franchiront, pour nous, toutes les étapes d’une vie amoureuse, dans un savoureux raccourci qui pourtant ne manquera pas de mettre à mal notre conception trop classique du mariage.
Dans une scénographie subtilement amovible qui les transportent, d’un tomber de rideau ou d’un jeu de coussin, de la chambre au salon, du bureau à l’hôtel au gré des retrouvailles, des disputes, des séparations ou des engueulades, Céline Rappez signe un décor réaliste, cosy et feutré idéal pour entendre toutes les révélations et les secrets d’alcôve qui vont s’y murmurer.
Entre rires amusés et sourires amers ; il n’y a qu’un pas que Michel Kacenelenbogen et sa mise en scène assez sobre nous feront franchir allègrement et … plus d’une fois.
Il a choisi habilement de laisser la place aux mots, aux gestes et aux regards d’un homme et une femme dans un face-à-face prenant et poignant.
Alain Leempoel et Muriel Jacobs jouent, avec brio, au chaud et froid. Amour, passion, épuisement, lassitude, envie de changement, adultère, grossesse, tendresse, … aucun sentiment, aucune des attitudes dites classiques n’est oubliée.
Parfois sans pudeur, ils se livrent à un étalage de sentiments, à des révélations intimes trop souvent tues, muselées sous le carcan de la bienséance.
Ils sont vous, ils sont moi à un moment ou un autre au moins.
Criants de vérité, tellement réalistes, ils sont tour à tour bourreau et victime de l’inconstance et de la mort d’un amour.
Sans aucun jugement moral, Ingmar Bergman place Marianne et Johan dos à dos, dans un affrontement sans pitié à la vie à l’amour.
Il nous offre un habile portrait, finement ciselé de nos mœurs, de nos envies, de nous-mêmes tout simplement.
Entre jubilation et tristesse, entre compréhension apitoyée et envie d’en secouer un pour mieux empoigner l’autre, cette pièce de théâtre joue sur scène, avec nos sentiments les plus intimes.
Et c’est tellement véridique et subtil qu’on en redemanderait bien encore un peu.
Spectacle vu le 19-05-2007
Lieu :
Théâtre Le Public - Grande Salle
Une critique signée
Muriel Hublet
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