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Demain, c'est le printemps
Demain, ce sera Notre printemps
Demain c’est le printempsDemain c’est le printemps sonne souvent comme un chant d’espoir.
Un titre en totale contradiction avec le propos d’Eve Calingaert, l’auteur et journaliste belge.
Nous sommes plutôt à l’automne de la vie d’un homme.
Grand, cultivé, il a eu une vie riche et mouvementée.
Images d’un siècle qui se meurt, il entre en maison de repos comme entrerait un bouquet de fleurs printanières dans une pièce sombre.
Il dénote.
Il pénètre dans un univers réglementé, mesuré, aseptisé, dirigé, dirigiste, compartimenté, où chaque chose se fait à l’heure prévue (Les pieds se lavent le soir à 18h, c’est dans le règlement Monsieur !).
Comme un chêne solide voit en octobre ses feuilles se colorer, se parer des plus beaux reflets avant de tomber une à une, de s’étioler, de se dessécher et de racornir sur le sol, Alexandre von Sivers va passer par toutes les étapes de la vieillesse.
La mémoire qui flanche, le refus de sa condition, l’agressivité envers son entourage, la violence, le déni, le rejet, tous les stades sont là, sans fard, sans provocation, dans un portrait réaliste et parfois dérangeant de vérité.
Demain c’est le printemps est un texte fort qui nous renvoie à notre vécu, aux grands-parents, aux parents, aux vieux que nous avons côtoyés, à ceux que nous voyons s’affaiblir chaque jour, à ceux que nous verrons  demain et à nous, à notre avenir et à notre future déchéance.
Difficile de ne pas avoir envie de se dire …Pas ça pour moi !
Et pourtant, derrière le crépuscule d’un homme, l’évocation d’une vie presque heureuse et bien remplie se cache une grande tendresse, une présence amie, aimante, une main tendre et amicale, celle d’Alice (Cécile Van Snick), sa fille de cœur.
Toujours présente malgré le temps, ses difficultés personnelles, elle tente de rassurer, de compenser la solituDemain c’est le printempsde, d’adoucir l’isolement forcé, de comprendre, d’aider, d’écouter.
Duo magistral d’amour et de tendresse, les deux acteurs interprètent avec brio cette comédie du temps qui s’enfuit.
Avec sensibilité et tendresse, Eve Calingaert dépeint les différents stades d’une fin de vie annoncée.

Son récit peu paraître haché, fait de courtes saynètes, il nous fait ainsi  mieux percevoir le sablier du temps qui se vide inexorablement.
Certains propos sembleront parfois clichés, principalement dans le portrait des maisons de repos, et pourtant, c’est hélas une vision réaliste de la chose, qui pour déprimant qu’est le constat doit aussi nous faire prendre conscience, dès maintenant de la place que nous accordons à nos aînés.
Si cette pièce peut amener à cette réflexion, à faire comprendre que si notre amour leur est aussi vital qu’un verre d’eau, il ne suffira pas seul, qu’il est donc peut-être temps de réagir, de prévoir, de changer,  tout n’est peut-être pas perdu.
Car ….Demain, ce sera Notre printemps.

Spectacle vu le 09-01-2008
Lieu : Comédie Claude Volter

Une critique signée Muriel Hublet

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