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Occident
Occident - ZUT - @ Pierre Bodson Un couple en pleine déroute.
Chaque soir, Georges et Martha se disputent, si on peut encore appeler cela ainsi.
Injures, grossièretés, violence sous-jacente, remarques blessantes, menaces de coups, menaces de mort…  Avec une régularité proche de celle d’un métronome, chaque jour apporte une nuance supplémentaire dans la cruauté de leurs rapports.
Il est alcoolique, enfermé dans ses délires pseudo racistes.  Il est isolé dans ses vapeurs éthyliques.  Pour le faire réagir, pour essayer de le sortir de cette torpeur invivable sa femme le titille, l’agresse et l’attaque par là où le bât blesse, elle le provoque dans sa paranoïa, dans sa haine de l’autre, de l’étranger.  Elle s’invente amants multicolores, elle établit des comparaisons sexuelles, elle crie son bonheur et sa joie de trouver ailleurs la vigueur que l’alcool ramollit chez son mari.Occident - ZUT - @ Pierre Bodson
Le texte de Rémi de Vos est dur, agressif, verbalement violent, mais il révèle à merveille certains des problèmes de notre société.  Il use de mots de tous les jours, de clichés très évidents pour mieux faire comprendre le mécanisme infernal qui entraîne du manque de communication à la violence, de la peur des différences au racisme.
La mise en scène de Claude Enuset est sobre, elle n’ajoute rien de trop à un texte qui ne le nécessite pas.  Les acteurs sont dans une pièce vide et sombre, avec pour tout mobilier deux chaises et un établi.  Un décor sommaire, réduit à sa plus simple expression, un peu comme la vie de Georges et Martha qui s’effrite peu à peu ?
Pour accompagner l’excellent jeu de Bernadette Mouzon et Georges Lini, les jeux de lumières et de fumées d’Alain Collet créent une ambiance feutrée et brumeuse, qui entoure les deux personnages d’une aura, qui les isole d’un monde sur lequel ils n’ont plus guère de prises.
Le spectacle est court, environ une heure.  Cela surprend au départ, mais Occident est une plongée dans les tréfonds de l’âme humaine.  Il est la description d’un état, un bilan d’une noirceur insondable, le récit d’un enfermement dans une situation d’apparence inextricable.Occident - ZUT - @ Pierre Bodson
Il n’a pas la prétention de nous apporter des solutions, juste de nous signaler un danger.
Et pour cela Occident est une réussite, il est une plongée dans l’abject, dans la violence larvée et dans la paranoïa. 
Aurions-nous pu en supporter plus ?

Spectacle vu le 23-11-2006
Lieu : ZUT Zone Urbaine Théâtre

Une critique signée Muriel Hublet

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