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Le Père Noël est une ordure
Le Père Noël est une ordureReprendre pour les fêtes un succès mémorable du Splendid, un film considéré par beaucoup comme le film culte français est une gageure.
La farce amèrement drolatique est connue de tous et chacun a en mémoire quelques-uns des personnages.
La difficulté est donc ça plus grande pour des acteurs de théâtre plus anonymes de se glisser dans des personnages célèbres et pour lesquels le public a pas mal de références.
Nous retrouvons Thérèse et Pierre, tous deux coincés dans un carcan de bienséance huileuse, ils sont toujours membres de Détresse-Amitié et viennent toujours en aide par téléphone aux âmes en peine surtout en ce soir de Noël.
Tout va se déglinguer, les trois citoyens en crise font défiler et créer avalanche de gags et quiproquos.
Dans sa mise en scène nerveuse, Jacqueline Préseau ne laisse aucun répit ni aux comédiens, ni au public. 
De la précarité et de l’instabilité, chacun va tomber (pas toujours qu’au figuré) dans l’insondable gouffre de la déchéance.  Les personnages sont tordus, marginaux, mais tellement représentatifs qu’on en rit … parfois jaune.
Ils sont six sur scène.
Aïcha Aït-Taïb est Thérèse (jouée par Anémone dans le film) la vieille fille rigide, coincée, brave, gentille, maladroite et … frigide ????
Et comme dit Pierre dans la pièce : D'abord Thérèse n'est pas moche! Elle n'a pas un physique facile, c'est différent!  (pour ceux qui verront la pièce, elle est jolie comme … un coeur)
Pour parler de Pierre justement, il est joué par Jean-Luc Duray (Thierry Lhermitte  dans le film), suintant de bienveillance, il a de superbes phrases, pleines de gentillesse et de délicatesse comme : Oh Thérèse ! Déjà d'avoir pensé que c'était Noël, c'est formidable !, on sent directement qu’il a le cœur sur la … et c’est un régal de le voir prendre des vestes (euh… des serpillières ?) et se comporter en couard.
L’immeuble compte un voisin inénarrable, Mr Preskovic (Bruno Moynot dans le film).  Oscar Dubru lui donne un charme incroyable et offre avec tant de délicatesse ses doubitchous (chocolats) roulés à la main sous les aisselleLe Père Noël est une ordures et sa liqueur d’échalotes avec du crapaud séché (pour le goût !) que même averti de la particulière et originale saveur de ces très exotiques produits, devant un tel air de chien battu on s’y risquerait aussi pour lui faire plaisir.
Viennent ensuite les trois âmes en détresse.
Il y a Zezette, enceinte jusqu’aux dents, simplette et affligée d’un problème de dentition Zzzzertain !  Manuella Ammoun donne très naturellement beaucoup de prestance à ce petit bout de femme énergique.
Félix, son compagnon, déguisé en Père Noël, le profiteur, abuseur, suborneur et autre … eur de ces dames est Gérard Gianviti.  Il réussit à se glisser et à s’approprier un personnage qui dans trop de mémoire est pourtant typé Gérard Jugnot.  Bravo à lui !
Le dernier, mais non le moindre de ces égarés d’un soir est Jean-Pierre Bruno qui nous offre un-une inénarrable Katia-Serge, travesti paumé, amoureux transis, suicidaire, cultivé.  Une composition géniale et pas du tout bancale malgré sa démarche étrange pendant toute la pièce.

L’histoire est connue, mais c’est un plaisir de revoir sur les planches ce qui est devenu un classique de cette période de fête, un spectacle débridé, déjanté même pour nous offrir fous rires de rigueur pour nous faire oublier le cap d’une année parfois triste et morose et nous faire passer avec espoir le cap d’une année nouvelle.

Spectacle vu le 10-12-2006
Lieu : Théâtre de la Flûte Enchantée

Une critique signée Muriel Hublet

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