Au public de juger !
Vous voilà au tribunal, sur les bancs publics ou même comme membre du jury.
D’un côté une juge, une greffière et 3 avocats qui vont essayer de comprendre et de démêler pour vous les derniers instants du virtuose qu’était Mozart.
Pour les aider dans cette recherche de vérité, des témoins et pas des moindres !
Rien de tels que des personnalités de l’entourage proche du Maître lui-même.
Son médecin, sa femme, sa belle-sœur, un de ses mécènes, sa maîtresse supputée, chacun avec son phrasé de l’époque, aux manières désuètes et au costume en falbalas et dentelles va s’affronter aux thèses des trois avocats.
Ces robes noires ont chacun une version, ils vont donc interroger sans concessions les témoins pour notre plus grand plaisir.
Remarques caustiques, suggestions retorses et démentis vibrants vont s’affronter à fleurets mouchetés.
L’anachronisme entre ces deux époques renforce le sentiment d’irréalité et les différences de langage et de valeurs morales chatouilleront votre sens de l’humour.
Le propos de la pièce est plaisant et bien documenté, la manière de le présenter et de prendre à parti le public lui donne une agréable petite touche supplémentaire.
Les 3 avocats (Hassiba Halabi, Pierre Hardy et Nicolas Pirson) évoluent avec pas mal de talent.
Un regard en coin vers leurs pupitres permet de voir leur attention et leurs petits sourires de connivence ou leurs soupirs excédés face aux propos de leurs adversaires.
André Debaar m’a un peu déçue, je m’attendais à une prestation sans faille d’un acteur renommé et j’ai assisté à pas mal de balbutiements de sa part.
De même, Vincent Pagé semble peu à son aise dans son rôle de Docteur, s’il en adopte le pédantisme en rigueur à l’époque, cela cache mal malgré toutes ses hésitations.
La pièce est sauvée par les femmes.
Sylvie Perederejew (Madame Mozart) étincelle entre un rôle de femme éplorée et probablement très manipulatrice).
Dolorès Delahaut apitoie dans son rôle de Magdalena Hofdemel, l’élève et la supputée maîtresse de Mozart. Mais surtout une innocente victime des faits.
France Pinson (la belle-sœur du compositeur) irradie dans son rôle de femme enfant, rapporteuse innocente d’évènements qu’elle a vus, mais dont elle n’a pas forcément assimilé la portée.
Si la critique peut sembler sévère, pour cette première, il faut reconnaître une chose, malgré la pluie des dernières dix minutes de la représentation, le public n’a pas bougé d’un centimètre.
Il est resté bien assis captivé et dans l’attente du verdict final.
Ce qui est la preuve que malgré ma sévérité, la pièce plaît.
Et vous pour qui voterez-vous donc ?
Spectacle vu le 10-08-2006
Lieu :
Une critique signée
Muriel Hublet
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