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Jacques le Fataliste
Jacques Le FatalisteBasée sur le roman philosophique de Diderot, cette pièce de théâtre met en scène les pérégrinations d’un maître et de son valet.
Tout au long de leurs voyages, ils devisent ou plutôt non, Jacques parle et son maître écoute, le relance d’une question ou crée des digressions au gré de ses rêveries.
Ce valet est raisonneur, bavard, cynique, mais surtout il croit que tout est écrit. Cette conception de la vie lui vaut son surnom de fataliste.
C’est d’ailleurs un plaisir de l’entendre raisonner, à s’évertuer pour démontrer la véracité de ses croyances.
Il raconte l’histoire de ses amours.  Mais impossible à l’intarissable d’aller droit au but, il se doit de bien situer l’action.  Pour cela, il nous fera remonter des années en arrière pendant son passage sous les drapeaux, quand qu’il a reçu une balle dans le genou, a été soigné par un chirurgien ivrogne.  Mais sans cesse, il est interrompu par une question de son maître, l’arrivée dans une auberge, le passage d’un convoi funèbre. 
À côté des propos de Jacques vont donc se greffer de petites histoires sans vraiment de rapport, mais qui sont des reflets de l’esprit de l’époque.Jacques Le Fataliste
Tout comme l’ensemble du texte de Diderot d’ailleurs.
Le maître (Jean-Henri Compère) est libre penseur, presque contemplatif, quasi indolent.  On peut un peu reprocher ce jeu monotone à l’acteur qui finalement est peu réactif, se contentant de regards amusés et de sourires en coin.  Le plaisir appréciateur des premiers instants se lasse très vite et on préfère porter le regard sur son partenaire.
Le valet (Jaoued Deggouj) croit que rien n’est hasard, qu’il n’y a ni autre possibilité ou échappatoire.  Il est plein de vie, goguenard, malicieux et débonnaire tout à la fois.
Le voir évoluer, s’agiter, haranguer, raconter est un régal et s’il en oublie par moments de boiter ou s’affuble tout d’un coup d’un accent paysan sur la fin du spectacle, on le lui pardonnera sans peine.
A leurs côtés, Sylvie Perederejew et Christophe Destexhe  endossent tous les autres rôles.
L’aubergiste bougonne, la paysanne compatissance,  la voisine serviable et qui veut bien débarrasser Jacques de son gênant pucelage, l’amoureuse discrète, l’hôtelière bavarde et aguicheuse sont quelques-uns des personnages pétillants que créera l’actrice.
Lui sera le chirurgien, le mari en chaleur, le serviteur d’auberge, l’époux opprimé.
La mise en scène et la scénographie de Daniel Scahaise est originale.
Le public est installé de part et d’autre d’une immense table de campagne.
Nos deux compères y cheminent, s’y reposent, y mangent.  D’un morceau de tissu bleu, elle devient rivière qui coule, nappée de blanc, elle accueille les convives un soir à l’Auberge du Grand Cerf.

Un spectacle plaisant que la peur d’entendre philosopher ne doit pas faire craindre.  Loin d’être lassant ou énervant, cette rhétorique parfois oiseuse et naïve est amusante.  Les récits et les anecdotes prêtent aussi au rire.
L’occasion donc de se dérider pour un soir.

Spectacle vu le 23-01-2007
Lieu : Théâtre des Martyrs - Atelier

Une critique signée Muriel Hublet

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