Antoine et Cléopâtre
Dans une scénographie originale, d’une apparente simplicité dans le drapé des rideaux et de jeux de lumières pour l’Egypte et des colonnes noires pour symbolise la grandeur de Rome.
Le sol d’aspect marbré ne recèle en son cœur rien de moins qu’une petite piscine qui devient au gré des scènes lieu d’ablutions, bain turc ou Mer Méditerranée, terrain d’un combat naval.
Un décor d’apparence sobre vu de l’extérieur, mais qui est finalement bien plus complexe qu’on ne pense et qui se plie, accompagne ou souligne les besoins du texte de Shakespeare et surtout est le fruit de l’imagination fertile du metteur en scène et scénographe Daniel Scahaise.
Que dire dès lors des costumes plus proches de nos années quarante que de l’Antiquité égyptienne ?
Il y a bien ça et là une vague inspiration, mais Cléopâtre en costume guerrier ressemble furieusement à dictateur italien bien connu, Antoine, lui, porte des chemises fleuries et une barbe que ne désavouerait pas son homonyme, le chanteur qui porte des lunettes Afflelou.
C’est donc à une représentation plus qu’originale que vous convie le Théâtre des Martyrs.
Le texte shakespearien reste classique.
Mais comme le grand homme a tout inventé ou presque, dit-on, il a tant évoqué les turpitudes humaines, les errements du cœur et de la conscience, que dans 500 ans, ses thèmes seront encore d’actualité même si ses mots seront encore plus désuets.
Shakespeare dépoussiéré cela devient presque plaisant.
La pièce est à voir absolument rien que pour la fantaisie surprenante et rafraîchissante de la scénographie.
Quand en plus, une jolie brochette d’acteurs interprète l’intimité et la démesure des héros de l’Histoire, le spectacle devient agréable.
Jean-Henri Compère est un Superbe Antoine, égrillard, amoureux, victime, roublard, noble et valeureux, mais aussi faible et solitaire.
Il nous emmène au gré du texte dans les méandres de l’âme de cet homme illustre malmené par l’Histoire et par son cœur.
A ses côtés, homme de l’ombre, manipulateur, profiteur et traître un Christophe Destexhe excellent dans son rôle d’Enobarbus.
Du côté romain, il faut souligner la présence de Bernard Gahide et de Bernard Marbaix en conseillers retors et d’Emmanuel Dekoninck en Octave.
Côté féminin, Hélène Theunissen est la reine d’Egypte et Sylvie Perederejew sa suivante et confidente.
C’est donc quasi toute l’équipe d’Ulysse et la baleine blanche qui se retrouve à nouveau, ensemble sur scène, pour un spectacle théoriquement classique, mais soufflant par certains côtés.
Ils réussissent à lever la difficulté de faire apprécier un texte souvent considéré par beaucoup comme rébarbatif et nous offrent un Antoine et Cléopâtre interloquant, interpellant, bien loin de l’image classique que l’on s’en fait habituellement grâce aux manuels scolaires ou à la télévision.
Spectacle vu le 21-09-2006
Lieu :
Théâtre des Martyrs - Atelier
Une critique signée
Muriel Hublet
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