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Les Chatouilles
Les ChatouillesDanser pour mieux hurler
Odette dessine à même le sol.
Elle a huit ans.
Gilbert, un voisin, attiré par sa grâce et sa fraîcheur, va l’entraîner dans la salle de bains.
Les Chatouilles, ainsi surnomme-t-il pudiquement ce qui est un viol, un acte pédophile.
Et elles ne font pas rire, elles ne sont que souffrances et terreurs pour une enfant traumatisée.
Comment exprimer sa douleur, comme accuser un adulte, comment se faire comprendre à un père distrait et à une mère psychorigide ?

Sujet scabreux à aborder sur les planches, Les Chatouilles dénonce sans choquer.
Mieux avec beaucoup de pudeur et de sensibilité, il nous emporte dans l’univers d’Odette, nous fait marcher dans ses pas, ou plutôt dans ses entrechats.
La danse est devenue pour la fillette traumatisée une issue de secours, un exutoire.Les Chatouilles
De ses premiers cours avec une savoureuse Madame Boudu à ses premières participations à des comédies musicales, de ses excès (drogue, sexe, alcool) au procès de son bourreau, de la plainte déposée à la gendarmerie à la séance chez le psychiatre imposée par l’autorité maternelle, c’est le parcours du combattant d’une victime qui ne veut plus l’être, qui veut se réconcilier avec son passé, tendre la main à l’enfant qu’elle était, s’accepter.

Derrière l’horreur et l’émotion, Les Chatouilles est aussi un spectacle bourré d’humour et de tendresse.
Entre drôlerie et poésie, il bouleverse par la fraîcheur et l’originalité de son ton.
Sous la houlette d’Éric Métayer, Andréa Bescond s’exprime avec le corps et la voix. Seule en scène, elle se démultiplie en une myriade de personnages, s’y glisse avec une aisance confondante et signe une magnifique performance. Toute en finesse et en subtilité, l’actrice-danseuse fait plus que séduire, elle subjugue littéralement un public scotché à son fauteuil par tant de force et d’expressivité. 

Percutantes, intenses et sublimes, Les Chatouilles sont une urgence théâtrale à ne manquer sous aucun prétexte.

Spectacle vu le 23-10-2015
Lieu : Théâtre de Poche

Une critique signée Muriel Hublet

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