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Lettre à D
J’ai besoin de reconstituer l’histoire de notre amour pour en saisir tout le sens. C’est elle qui nous a permis de devenir qui nous sommes, l’un par l’autre et l’un pour l’autre. Je t’écris pour comprendre ce que j’ai vécu, ce que nous avons vécu ensemble…

Lettre à D Philosophe, penseur et journaliste, contemporain et ami de Jean-Paul Sartre, André Gorz s’adresse ainsi à Dorine, sa femme, sa compagne, sa collègue, celle avec qui il a cheminé 58 ans durant.
Lettre à D est tout à la fois le récit de leur rencontre, de leurs premiers moments ensemble, de leur vie, de leur relation et le parcours intime d’un homme.
L’existentialiste se livre sans complaisance et évoque, avec beaucoup de lucidité, ses sentiments, ses perceptions, sa manière de travailler, l’évolution de sa carrière.
Derrière les faits, énoncés avec minutie, transparaissent ses regrets de n’avoir pas été assez présent, trop aveugle ou trop égoïste.
Entre confidences et confession, bien plus qu'une simple ode amoureuse, Lettre à D permet à Gorz de prendre conscience et d’exprimer tout ce que la personnalité, l’omniprésence discrète mais permanente de Dorine ont été pour lui, tout ce que son soutien inconditionnel et sa force tranquille lui ont apporté.

Dans une scénographie épurée de Sophie Carlier, sur un sol de planches se profilant vers l’infini, sous les éclairages feutrés d’Amélie Géhin, le comédien flamand Dirk Roofthooft (en français dans le spectacle) prête son accent aux mots d’André Gorz.
Avec une délicatesse parfois hésitante et une grande économie de gestes (une mise en scène très sobre de Coline Struyf), il se glisse dans la peau de cet octogénaire, amoureux comme au premier jour et qui se livre sans fards ni détours.
  
Petite bulle fragile de douceur romantique, Lettre à D est, en tout cas pour ceux qui ne s’égareront pas dans les longs détails de la vie du couple, un véritable cri d’amour.
À tel point que le public tarde à applaudir comme espérant encore voir se prolonger la magie de l’instant.

Spectacle vu le 30-09-2015
Lieu : Théâtre National - Grande Salle

Une critique signée Muriel Hublet

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