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L'Homme Moderne
Jérémy Charbonnel, l’homme moderneManier l’humour quand on est un beau gosse relève-t-il de la gageure ?
Sourire ravageur et esprit déjanté sont-ils incompatibles ?
Deux fois non !

Festival Off d’Avignon 2013, nous découvrons Jérémy Charbonnel parmi la joyeuse troupe d’impro des Colocataires et déjà, on se demande de quoi il serait capable seul en scène.
Comme la vie est bien faite, il débarque la rentrée suivante au Kings Of Comedy Club de Bruxelles avec un « one »au titre très prometteur : Jérémy Charbonnel, l’homme idéal ou juste un gros connard ?
La soirée confirme ce dont on ne doutait pas vraiment : le bougre est scandaleusement à l’aise en stand-up !
Sa palette de personnages se cherche encore une structure solide, mais elle déchaîne les rires. Et Jérémy de mettre le public dans sa poche en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Deux saisons plus tard, c’est au Koek’s Théâtre(*) que les spectateurs belges le retrouvent, à l’aube d’une tournée de 44 dates, 11 villes et 3 pays, excusez du peu !

La jeune carrière de ce comédien multifacettes nous intime l’ordre de croire encore qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années.
Depuis qu’il a quitté son Lyon natal pour monter à Paris, il est sur tous les fronts : théâtre, impro, télévision, cinéma, one man show…
Entre deux rôles sur grand ou petit écran (Cloclo, L’Escalier de fer et bientôt La mort d’Auguste avec Jean-Pierre Darroussin), il s’essaie au métier de chroniqueur dans l’émission Comment ça va bien ? emmenée par Stéphane Bern et vante même une célèbre marque de cornichons aux côtés de Clara Morgane !
Il y a du « touche à tout » chez Jérémy Charbonnel, mais tant que tout lui réussit, il aurait tort de s’en priver.

Jérémy Charbonnel, l’homme moderneL’homme moderne que nous avons vu ce soir a gagné en rythme et en force comique sur son prédécesseur, l’homme idéal.
Les effets de transition qui émaillent l’inénarrable galerie de portraits n’y sont pas pour rien.
On rit aux métamorphoses fulgurantes du personnage de fils à papa qui tient lieu de fil rouge au spectacle: prof d’anglais sénile, DRH, cougar, ado décérébré, jeune père en proie au baby blues, ravissante idiote (blonde, évidemment), parents politiquement incorrects… On retrouve certains visages du précédent show et on en découvre de nouveaux dans des sketches menés tambour battant.
Sketches auxquels on se réjouit même de prendre part lorsque l’on fait les frais du goût immodéré de l’humoriste pour l’interaction. Certes le concept n’est pas aussi original que le look capillaire de Jérémy en fin de soirée, mais il y a du plaisir des deux côtés de la rampe.
Il n’est feint ni chez le spectateur qui oublie toute notion de contrariété ni chez le comédien qui semble profiter chaque instant du bonheur d’être sur scène.

Le selfie avec le public, instantanément posté sur les réseaux sociaux (ou le plaisir de revoir à l’envi votre mine hilare sur Facebook), deviendra probablement le final incontournable des performances de Jérémy Charbonnel qui préfère ensuite passer directement de la scène à la salle.
Moment de partage généreux et sincère que l’on aurait presque peur de perdre avec le 1er Olympia dont il rêve tout haut (keep dreaming…)
Égoïstement, on se prend à espérer encore l’intimité de petites salles (et pourquoi pas à Liège la prochaine fois ?) avant que son nom ne s’écrive en lettres rouges boulevard des Capucines.
C’est tout le mal qu’on lui souhaite et on adorerait être là pour voir ça!


(*) Petite parenthèse (enchantée) pour vous parler de ce café-théâtre bruxellois qui donne d’emblée un furieux goût de revenez-y. Le Koek’s est un écrin habillé de bois où l’accueil chaleureux et souriant précède le divertissement. Serré au bord d’une scène de poche, le public se retrouve, presque en famille, au gré de la programmation concoctée par Patricia Bonnaventure. Depuis bientôt 15 ans, nombre d’humoristes soigneusement sélectionnés foulent les planches du Koek’s dans une ambiance bon enfant. C’est bien simple, on a un peu l’impression de recevoir à la maison les artistes les plus prometteurs, tout juste remis de l’effervescence des festivals d’été. Cette année encore, Patricia a remarquablement fait son marché en Avignon et ailleurs pour ne nous ramener que le haut du panier.

Spectacle vu le 11-09-2015
Lieu : Koek's Théâtre

Une critique signée Florence Pirard

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