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Notre critique de La femme silencieuse

Silence ! On rit !
Respirez ce vinaigre.  Sucez ce quartier de citron.  Tenez cette gousse d’ail devant vos narines et accrochez-vous solidement à cette corde.
La peste règne à Londres et pour atteindre la cité, vous devez entrer par un tunnel dérobé, sombre et empli de fumée, peuplé de malades et de cadavres.La femme silencieuse
En quelques minutes, le ton est donné, place à la bonne humeur, les rires et la convivialité.
Une fois arrivé dans la ville, face à une étrange demeure capitonnée de blanc et une série d’estrades de bois, le public a enfin la joie de découvrir… La femme silencieuse.

Si, si !  Ça existe vraiment.
Tout au moins dans le répertoire de l’auteur anglais Ben Jonson (1572-1637), un contemporain de Shakespeare, un écrivain qui diffère en tout du célébrissime dramaturge.
Moins connu (et c’est dommage), l’homme dresse en mots simples, sans lourdes versifications, un portrait caustique de son époque et y critique vertement la sottise humaine.
Ce n’est pas sans rappeler, dans la verve, l’ironie et le style un certain Mr Molière (pourtant né bien après en 1662) avec dans les textes de Ben Jonson une irrésistible touche d’humour anglais.

La Compagnie Act-Hours propose (pour la 4e année consécutive) une comédie haute en couleurs, truffée de bons mots, de rebondissements et peuplée de personnages truculents.
Tel sieur Morose (savoureux Nicolas Pirson), coiffé d’une pile de bonnets de nuit, aux pompons encombrants, qui lui retombent sur le visage pour lui donner un air de cocker larmoyant.
S’il est ainsi vêtu, c’est pour mieux s’isoler des bruits du monde.
Devenu quasi misanthrope, à cause de sa phobie sonore, il pousse ses exigences jusqu’à surnommer son domestique Muet (Francis Adam) et à  lui interdire l’usage de la parole, l’obligeant à gratter du pied le sol comme un cheval en signe d’acquiescement et à secouer les épaules d’une mine affligée en guise de La femme silencieuse réponse négative.
Pour un tel ours mal léché, quoi de mieux que de rechercher la compagnie d’une femme silencieuse, et ainsi de déshériter son noceur de neveu sir Dauphine (Julien De Visscher).
Aidé de ses compagnons le flegmatique Clerimont (Nicolas Legrain) et l'audacieux Mastermind (Benoît Strulus trublion ineffable), ce dernier va sonoriser et perturber drôlement la vie de son oncle et réduire à rien ses prétentions matrimoniales dans une farce croquignolette, endiablée et désopilante.

Soigneusement ordonnée par le metteur en scène Jacques Neefs, (qui n’a décidément rien laissé au hasard sauf la météo qui, hélas, ne veut pas encore lui obéir au doigt et à l’œil) la pièce révèle l’extrême précision apportée à chaque détail.   L’impact de chaque geste, le poids de chaque réplique, l’effet de chaque intonation, l’effet de chaque mimique  a été étudié, observé et disséqué pour offrir un petit régal visuel et comique.
Jean-Paul Goffinon signe cette adaptation.  Il y a fait merveilles en traduisant clins d’œil et jeux de mots, en adaptant toutes les subtilités et finesses du texte comme de faire du prétentieux poète au nom anglais de Daw (choucas) un Charle O’Nyar (Pierre Hardy excellent).
Un spectacle divertissant qui ne souffre que d’un seul petit défaut.
Écrit pour durer quatre heures, temps acceptable d’une représentation pour l’époque, il s’est vu bien obligatoirement réduit à quelques 2h15.
Ces coupures sont pratiquées au détriment de la fluidité de la seconde partie, donnant quelque peu l’impression de petites saynètes accolées les unes aux autres.   
La femme silencieuse
Cette légère dissonance ne prive pourtant pas du plaisir d’une rencontre avec cette étrange femme (presque) silencieuse et toute une troupe dynamique qui se régale à réjouir et à mettre de belle humeur un public complice, venu pour s’amuser.
Une occasion de méditer et de prolonger le proverbe …
Si le silence est d’or, la parole est d’argent...
Et le rire une pluie de rubis chatoyants (surtout sous les nuits étoilées de la Citadelle de Namur).

Muriel Hublet
Spectacle vu le 19-08-2008
Citadelle de Namur
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Présentation du spectacle :
Résumé :
La femme silencieusetitre>Après «La Surprise de l’Amour», «Mozart assassiné ?» et «Vauban invite Molière à la citadelle», la Citadelle de Namur et la Compagnie Act-Hours présentent «La femme silencieuse», une comédie de Ben Jonson, dans une nouvelle adaptation de Jean-Paul Goffinon.
L'affiche :
de Benjamin Jonson
Distribution: Françis Adam, Morgane Choupay, Julien De Visscher, Pierre Hardy, Murielle Hobe, Nicolas Legrain, Jean-François Massy, Vincent Pagé, Nicolas Pirson, Benoît Strulus, Jean-Pierre Vancamberg
Dans une mise en scène de Jacques Neefs

Les prochaines représentations :

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