Un voisinage turbulent et délirant
 Dans un décor fait de caisses en carton multi usages, Thierry de Coster et Odile Mathieu, vous entraînent dans leur chez eux, dans un petit immeuble bien bruxellois.
Au rez-de-chaussée, Martine l’épicière avec son franc-parler assume seule l’éducation de son turbulent rejeton Lulu.
Au premier, Gisèle et Roger laissent couler doucement le temps.
Retraités, isolés, ils vivent dans les souvenirs de leur fils installé au Luxembourg, de feu leur chien Babelutte, entre la gazette et l’arrosage des géraniums.
Au second, un jeune couple va emménager aujourd’hui.
Lui fransquillon à l’accent pointu, ne renonce à aucun vilain tour pour dépouiller sa naïve compagne allemande et surtout riche héritière.
Au dernier étage, Jade et son père Baudouin tentent de vivoter avec les petits boulots que déniche ce dernier.
Et pour régenter le tout, Franck, très très bruxeller propriétaire.
Rien de neuf sous le ciel bruxellois, penserez-vous.
À tort, car derrière le bruit des marteaux piqueurs se cachent un concentré de vie, des personnages truculents, hauts en couleurs, mais également fragiles, attendrissants ou pitoyables.
Querelles de voisinage, course à la gloire, envie, jalousies, mesquineries, et les espiègleries de deux gamins qui n’ont rien à envier à Quick et Flupke, rien ne sera épargné ce soir aux habitants de cet immeuble pourtant si tranquille en apparence.
Thierry De Coster et Odile Mathieu, sous la direction de Vincent Raoult, enfilent les rôles comme d’autres les perles. A la fois auteurs et interprètes, les deux comiques réussissent à associer le rire et l’humain, la tendresse et l’ironie.
Dans un jeu légèrement caricatural, ils mettent en avant les petits travers qui font le charme de ces voisins émouvants ou revêches.
Derrière le plaisir ineffable que procure Charges comprises se cache pourtant un fameux travail.
La scénographie diablement inventive qui transforme les cartons en chapeau, bâton de majorettes, frigo, boîte de céréales, jumelles, parapluie ou lampadaire se marie à la virtuosité des deux comédiens qui,
en un clin d’œil, sans hésitation se glissent dans le pas tremblotant de Roger l’un ou attrape l’accent teuton de Ludmilla.
Quelques refrains pleins d'entrain de Sacha Distel émaillent le burlesque des mimiques, les jeux de mots, les chassés-croisés et autres trouvailles ingénieuses de cet excellent duo speedé.
Muriel Hublet |
Un chassé-croisé jubilatoire dans les coulisses de la nature humaine.
