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Notre critique de Cendres sur les mains

Cendres sur les mains Le visage d’une femme s’éclaire et évoque le monstre hideux qu’est la guerre, son refus d’y croire, sa peur de la voir approcher, sa fuite éperdue, l’haleine fétide qu’elle a perçue par-dessus son épaule à son approche, sa capture, sa souffrance, le bruit des mitraillettes.
Sans nom, sans lieu, elle est intemporelle, elle est universelle, elle est La femme, elle est La victime.

A l’opposé de la scène, deux hommes perchés sur un bout de bois, un îlot, un refuge, un radeau au milieu d’une mer de cadavres.
Pas de décor donc, ou si peu, c’est notre imagination qui est titillée pour se représenter un univers de cendres, un charnier où on élimine par le feu les corps.
Les fossoyeurs, joués par Fabien Robert et Alexandre Van den Abeele, sont là comme abandonnés par leur hiérarchie, condamnés à cette besogne rebutante par manque… d’intelligence.
Ils entassent les corps, manipulent l’essence et vivent dans une atmosphère empuantie, brûlante et cendreuse.
Ce travail et ses conditions pénibles les harassent, les épuisent et les minent, au propre comme au figuré.
Jusqu’au jour où surgit d’entre les bras et les jambes enchevêtrés et rigidifiés par la mort, une femme silencieuse.

Sans jamais prononcer un mot, cette survivante va rendre les derniers hommages aux dépouilles des siens, de ceux de son peuple, entassés là sans respect.
C’est son monologue intérieur que nous fait vivre Annette Gatta
Quasi en permanence plongée dans la pénombre, simplement éclairée par un reflet de spot ou la lueur d’une lampe de poche, l’actrice signe une véritable performance.  Immobile, comme statufiée, elle n’est qu’une voix, un cri vibrant.Cendres sur les mains
Hantée par la guerre et ses souffrances, ses souvenirs s’effacent, sa personnalité s’estompe. Elle va combler son vide, se remplir de la mémoire des corps morts, s’imprégner des âmes martyrisées, devenir leur bouche, être porteuse de leur message.
Son visage est l’intense reflet de la douleur, de l’inconcevable chagrin.

Un discours en deux tons va donc s’installer, d’un côté deux hommes paumés, serviles, qui obéissent quais aveuglément et de l’autre, la femme muette.
Mais petit à petit, ce travail inhumain va les épuiser, les détruire de l’intérieur, les faire toucher à la réalité et à la folie.

Lara Hubinont signe sur les mots Laurent Gaudé une mise en scène d’une sobriété exemplaire qui laisse la place à l’émotion à l’état pur.
Elle tire profit de l’exiguïté du lieu pour créer un spectacle intimisme fort et prenant.
Mort et vie s’entrecroisent dans une danse lente et impressive.
Mises en évidence par un jeu de lumière qui souligne ou accentue fièvres, colères et désespoirs, soutenus par une bande-son judicieuse, bourreaux et victimes se retrouvent dans une danse macabre mortellement réaliste, universelle, intemporelle et tristement toujours d’actualité.

Muriel Hublet
Spectacle vu le 14-11-2007
Arrière-Scène
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Présentation du spectacle :
Résumé :
Cendres sur les mainstitre>Deux hommes, dans un pays dévasté par la guerre, brûlent les morts.
Une femme, laissée pour morte, se relève.
Ils la nourrissent, prennent soin d'elle.
Elle se joint à eux pour entretenir le bûcher.
Elle ne leur parle pas.
Sa présence bouleverse la vie des deux hommes.
Elle ne parle pas.
Son silence, comme une reproche.
Elle ne parle qu'aux morts.
L'affiche :
de Laurent Gaudé
Avec : Annette Gatta, Fabien Robert et Alexandre van den Abeele
Mise en scène : Lara Hubinont

Les prochaines représentations :

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