Tous racistes ? Alain débarque à Bruxelles.
Il n'arrive pas de très loin, juste de Saint-Georges S/Meuse, tout à côté de Liège.
Il vient étudier dans la capitale et se cherche un appartement.
À peine entré dans le hall des pas perdus de la gare du Nord, il est apostrophé et fouillé au corps par un policier très bruxeller.
Étrangement, chacun des propriétaires et des agences immobilières lui claquent la porte au nez sous des prétextes divers.
Pourquoi donc ?
Son nom Lecomte sonne très belge.
Sa carte d’identité porte bien en titre Belgique Belgie Belgien Belgium.
Pourquoi se sent-il étranger, rejeté, paria ?
Quel est son crime ?
Aucun, il est innocent, blanc comme neige.
Il a juste eu le malheur de naître, il y a 29 ans avec la peau noire.
Pierre Lorquet, Luc Malghem et Sabine Ringelheim, les trois auteurs, épinglent nos préjugés et notre racisme inné.
À travers leurs mots, Alain crie sa totale incompréhension.
Il est belge.
Il n’a jamais rien connu d’autre.
Même Matongé lui apparaît comme exotique.
Trouvera t-il jamais sa place ou simplement une place ?
Comme Alain, chacun doit dorénavant se dépêtrer de ses nombreuses étiquettes.
Il suffit de tendre l’oreille.
Certains sont avant tout belges, d’autres uniquement wallons, flamands ou bruxellois.
D’autres se revendiqueront liégeois, carolos ou namurois.
Ajoutons les premiers immigrés désormais naturalisés, les enfants issus de notre colonisation du Congo, les multiples ressortissants de l’Europe et les réfugiés politiques du monde entier, etc., notre pays est devenu un vrai kaléidoscope de couleurs et de cultures. Alain l’Africain remue, avec pertinence et beaucoup de drôlerie, dans l'infect bouillon identitaire chaque jour un peu plus pimenté de multiculturalisme.
Sans prise de tête, simplement à travers les tribulations d’un jeune homme qui se cherche, le spectacle fait mouche en soulevant, une nouvelle fois, une réalité que l’on préfère se cacher… Nous sommes tous (peu ou prou) racistes !
Au risque d’oublier que nous sommes tous l’étranger de quelqu’un d’autre.
Rien de neuf pourtant dans ce spectacle, juste nos éternels clichés, nos a priori, nos phobies xénophobes, nos réflexions à l’emporte-pièce, notre peur de la différence, mais traités avec beaucoup de sensibilité et d’humour.
Tout le sel de ce seul en scène réside dans les voix off égrenant les préjugés des proprios et l’interprétation de Frédéric Lubansu qui est non seulement Alain, mais se glisse aussi dans la peau de ses interlocuteurs.
Généreux et complice, le jeune comédien nous embarque pendant une bonne heure dans un voyage vers nulle part, vers le pays de l’incompréhension et du racisme, dans l’espoir que, sensibilisés à ce drame, demain nous soyons, à défaut d’être plus accueillants, plus tolérants.
Muriel Hublet
Spectacle vu le 07-03-2010
Théâtre du Méridien
Présentation du spectacle :
Résumé : Alain, l’Africain, découvre une identité qui de l’intérieur ne lui paraissait pas si évidente. Alain est noir, Madame. Les yeux meurtriers de certains propriétaires provoqueront, chez lui, une envie de mieux connaître encore ses origines africaines et de les assumer.
L'affiche :
de Pierre Lorquet, Luc Malghem et Sabine Ringelheim
Alain débarque à Bruxelles.
Alain, l’Africain, découvre une identité qui de l’intérieur ne lui paraissait pas si évidente. Alain est noir, Madame. Les yeux meurtriers de certains propriétaires provoqueront, chez lui, une envie de mieux connaître encore ses origines africaines et de les assumer. 
